Peinture par Lénaïg

BIENVENUE SUR GOLGA IN A SWIRL

Ce blog, initié par Messieurs V. et O. a pour objet de se pencher plus particulièrement sur des albums que nous possédons, soit en CD, soit en vinyl, et d'en proposer une critique chacun.

Comme nous espérons faire naître - ou renforcer - chez nos visiteurs un intérêt pour les artistes que nous aimons, et non servir de plateforme de téléchargement gratuit, les albums qui font l'objet de nos critiques ne sont pas téléchargeables dans leur intégralité. Un seul morceau est publié pour mettre en appétit...

Les playlists de M. V., ainsi que les morceaux de la semaine de M. O. sont disponibles pour une durée de 1 mois seulement.

Tout ceci est sans prétention, et notre but est de nous faire plaisir, mais si vous croisez notre route, n'hésitez pas à laisser un commentaire, c'est toujours agréable.

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dimanche 1 août 2010

KOSUKE MINE - MINE














Kosuke Mine Quintet - Morningtide

Kosuke Mine Quintet - Mine, Three Blind Mice, 1970 (TBM-1)

Cet album est le tout premier disque sorti sur le label Three Blind Mice, label nippon dont l'ambition était d'illustrer la créativité et l'effervescence des jazzmen japonais à cette période. Sous la houlette du passionné Takeshi "Tee" Fuji, TBM s'est rapidement constitué un catalogue de quelques 130 publications, allant de l'avant-garde pointue au bop plus traditionnel. Le logo à la petite souris affublée de lunettes noires s'est vu ainsi orner les premiers disques d'artistes aussi incontournables que Masabumi Kikuchi, Masaru Imada, George Otsuka, Terumasa Hino, Takehiro Honda, Hideto Kanai, George Kawaguchi, Isao Suzuki, Shuko Mizuno, Nobuo Hara, et j'en passe. Hormis une attention portée à l'extrême dans la facture de ses vinyls (souci du design, pochettes en carton épais, pressages de très bonne tenue, inserts - certains albums, comme les deux Jazz Orchestra de Shuko Mizuno allant même jusqu'à inclure un fac simile des partitions dans un livret, ...), TBM s'est taillée une réputation grâce à la qualité audiophile de ses prises de son (d'ailleurs, le matériel utilisé et la disposition des musiciens lors des sessions sont très précisément documentés sur les inserts), à l'instar de ses compatriotes Audio Lab, East Wind, Flying Disk, Why Not, Denon, etc. Une partie du catalogue est ainsi rééditée aujourd'hui en CD hybride (SACD). Si en plus, on a la chance de tomber sur une édition arborant encore son obi (bandeau coloré en papier servant en quelque sorte de "ceinture" verticale au disque), on possède alors un objet tout à fait unique, pour lequel il faudra tout de même souvent mettre la main à la poche... (on reparlera du fétichisme une autre fois !)

Le mélomane japonais serait-il maniaque ? Doit-on n'attribuer cette qualité (en matière de vinyl, c'en est bien une !) qu'à la sous-catégorie des amateurs de jazz ? Quoi qu'il en soit, il ne m'est arrivé d'avoir entre les mains que des exemplaires en état quasi-neuf, si on exclut les outrages insurmontables du temps qui passe (inserts un peu jaunis, odeur de grenier, etc.), avec pochettes en polyéthylène doublées, et ce n'est pas Monsieur V. qui dira le contraire !

L'album qui nous intéresse aujourd'hui est assez difficile à dénicher, et plutôt cher dans son pressage original. Nous y trouvons :

Kosuke Mine (né en 1944 à Tokyo) - Saxophones alto et soprano
Takashi Imai - Trombone
Hideo Ichikawa - Fender Rhodes
Takashi Mizuhashi - Contrebasse
Hiroshi Murakami - Batterie

Le tout a été enregistré les 4 et 5 août 1970 aux studios AOI, Tokyo

La tracklist :

A1 - Morningtide (K. Mine) 13:09
A2 - Isotope (J. Henderson) 12:18
B1 - Dream Eyes (H. Ichikawa) 13:56
B2 - Work I (H. Ichikawa) 9:09

LA CRITIQUE DE MONSIEUR O.

Mine ouvre avec Morningtide sur un beau morceau modal introduit par des vagues au Fender Rhodes, et un battement régulier à la contrebasse. Puis déferle la mélodie aux saxophone/trombone pendant que la batterie marque le rythme en rimshot. Le thème est particulièrement réussi, enflant par vagues successives et, conjugué avec le Rhodes évoque très justement l'atmosphère du titre (la marée du matin). Pour ma part, j'ai un petit faible pour le ti-la-la-la la-la-la (vous voyez ce que je veux dire ?) de la fin du thème, qui me rappelle Julien Lourau. Assez rapidement, les choses deviennent plus enlevées avec le chorus de Kosuke Mine qui pousse chacune de ses phrases, dans un style très fluide, jusqu'à l'extrême. Quand vient le tour d'Ichikawa, les choses se calment pendant que la batterie joue la nuance, montant en puissance, redescendant avant de monter à nouveau, avec un chouette travail aux cymbales. Murakami muscle ensuite son jeu, dans un breakbeat à la limite du funky. Nouveau thème dont le Rhodes émerge à nouveau avec sérénité. Puis il se passe un truc assez bizarre : le morceau s'arrête brutalement (au début j'ai cru qu'il y avait un plantage au niveau du pressage, mais il se passe la même chose sur l'exemplaire de Monsieur V.), avant de repartir à zéro. Fin en fade out (amplement justifiée). ******
Isotope, compo de Joe Henderson, tranche dans un style plus hard bop, avec une touche spirituelle apportée par le Rhodes. Kosuke Mine affirme son style assez personnel, ayant dûment digéré son Parker et son Coltrane : assez musclé, virtuose, avec des phrases qui cherchent, contournent, et finissent par trouver. Très articulé, très lisible, il propose également des moments assez soul, et tout au long de son chorus plane l'ombre du thème, ce qui démontre une très bonne intelligence de jeu. Ce qui est Incroyable ici, c'est que ce que je disais juste avant du solo de Mine s'applique exactement au chorus d'Ichikawa, qui tire en outre partie de son instrument en "funkisant" un peu plus le tout par des accords en syncope. Chorus de batterie très énergique, privilégiant les toms. Vers la fin, juste au moment où on croit discerner à nouveau le thème, tout le monde enchaîne sur... le thème, justement ! Si ce genre d'osmose n'est pas l'essence du jazz, alors je veux bien embrasser à pleine bouche Charlie, le chien de Monsieur V. ! ******

Les deux morceaux de la face B sont au diapason du précédent, avec un feeling que ne renierait pas un Art Blakey.
Sur Dream Eyes, l'alto de Mine se fait plus heurté tout en gardant sa spécificité, et la complémentarité avec Ichikawa, le compositeur, est peut-être encore plus évidente, si possible. Puis la rythmique se met généreusement en retrait pour faire une place à un trombone qui peine un peu à convaincre malgré quelques belles acrobaties. La transition avec le chorus de Rhodes en est d'ailleurs rendue un chouia laborieuse, mais rapidement, Ichikawa reprend le dessus avec volubilité et une gourmandise qui fait plaisir à entendre, à laquelle la batterie commence à se joindre un peu avant son solo. Beaucoup de peaux à nouveau, et assez peu de bronze. Pour le finish, le thème est disséqué, désarticulé, décomposé, puis recomposé de manière très réjouissante. ******
Petite saveur parkerienne pour Work 1, au thème très mélodieux et imbriqué, joué conjointement aux sax et trombone. Ce dernier se montre plus inspiré sur le chorus qui s'ensuit, même si on a encore droit à quelques tâtonnements parasites, et autres phrases en cul-de-sac. Mine fait du Mine au soprano avec cet étonnant syncrétisme évoqué plus haut et beaucoup d'agilité. C'est vraiment de l'anti-pop, ça ne décolle jamais tout à fait, mais en me frustrant, Mine me ravit. Le chorus de Rhodes est impérial une nouvelle fois. Mizuhashi consent à occuper pour la première fois le devant de la scène le temps d'un bon chorus organique qui procède par petits pas et reptations reptiliennes et ouvre vers la reprise finale du thème. ******

CONCLUSION

On l'aura compris, Kosuke Mine et son quintet remportent un 6/6 bien mérité, avec un album qui, tout en proposant une sorte de synthèse, ouvre aussi de nouvelles perspectives. A ce titre, opter pour un Rhodes plutôt que pour un piano acoustique se révèle une vraie bonne idée. Les trois compositeurs différents font entendre des univers bien distincts, mais je retiens quand même une grande homogénéité dans l'interprétation. Les autres fois où j'ai pu écouter Mine m'ont vraiment comblé, et il faut regretter que les enregistrements du bougre, qui souffle toujours, soient si difficiles à trouver, et si chers (en ce moment, son album First, chez Philips, avec Masabumi Kikuchi se négocie à 300 US$ sur eBay !). D'ailleurs je recherche son deuxième album sur TBM depuis un moment, alors si d'aventure...

A ECOUTER AUSSI :

Kohske Mine Quintet - Daguri, Victor, 1973
Hideto Kanai, Q, TBM,1971 ( TBM-2506)


LA CRITIQUE DE MR.V

Voici donc le première référence du label Japonais Three blind mice, dont le catalogue est, à quelques exceptions, gage de qualité.
En ce qui concerne la facture et le contenu des vinyls made in Japan nous devons nous incliner car tout était fait pour que l'acheteur mélomane soit comblé!Et c'est le cas.

A1 - Morningtide (******)
A2 - Isotope (******)
B1 - Dream Eyes (******) Le meilleur titre de l'album .
B2 - Work I (******)


CONCLUSION

Posséder ce petit joyau est bien sûr une grande joie (merci MR.O et MS.M!pour ce super cadeau d'anniv') c'est également le point de départ pour ce lancer à fond dans la recherche de tout le catalogue car TBM est un super label! (comme STRATA EAST, BLACK JAZZ , BLUE NOTE , EAST WIND , MILESTONE , ECM , JAPO , CMP , ENJA , YOLK , WATT , BMC , CADET , IMPULSE , MPS/SABA/BASF ,CTI , MUSE , ENJA , MAINSTREAM , PRESTIGE................FLYING DUTCHMAN , FAR EAST , POLISH JAZZ , ATLANTIC , COLUMBIA , VERVE , CBS , CAPRICE , DRAGON ,.................................RCA VICTOR.)(C'est sans fin!)

bref c'est bien un 6/6 qui s'impose.


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