Peinture par Lénaïg

BIENVENUE SUR GOLGA IN A SWIRL

Ce blog, initié par Messieurs V. et O. a pour objet de se pencher plus particulièrement sur des albums que nous possédons, soit en CD, soit en vinyl, et d'en proposer une critique chacun.

Comme nous espérons faire naître - ou renforcer - chez nos visiteurs un intérêt pour les artistes que nous aimons, et non servir de plateforme de téléchargement gratuit, les albums qui font l'objet de nos critiques ne sont pas téléchargeables dans leur intégralité. Un seul morceau est publié pour mettre en appétit...

Les playlists de M. V., ainsi que les morceaux de la semaine de M. O. sont disponibles pour une durée de 1 mois seulement.

Tout ceci est sans prétention, et notre but est de nous faire plaisir, mais si vous croisez notre route, n'hésitez pas à laisser un commentaire, c'est toujours agréable.

Rechercher dans ce blog

mercredi 31 mars 2010

BUSTER WILLIAMS - HEARTBEAT














Buster Williams - Shadows

Muse Records, 1976

Né en 1942 à Camden, New Jersey, USA

Buster Williams - Contrebasse
Kenny Barron - Piano (A1 / A2 / A3 / B2)
Jimmy Rowles - Piano (B1)
Ben Riley - Batterie (A1 /A2)
Billy Hart - Batterie (A3 / B1 / B2)
Gayle Dixon - Violon (A3 /B1)
Pat Dixon - Violoncelle (A3 /B1)
Suzanne Klewan - Chant (B1)

FACE A
A1. I Fall in Love too Easily (S. Cahn - J. Styne) 5:09
A2. Toku-Do (B. Williams) 5:24
A3. Shadows (B. Williams) 9:42
FACE B
B1. Pygmy Lullaby (J. Rowles) 6:52
B2. Ruby P'Gonia (B. Williams) 8:25
B3. Veronica (B. Williams) 2:32

LA CRITIQUE DE MONSIEUR O.

Buster Williams est un cinglé au dernier degré. Son son de contrebasse est le meilleur qui soit, à la fois rond, grinçant et boisé, avec une plénitude que je n'ai - je le crois sincèrement - jamais entendu ailleurs, et son jeu va du lyrique extrême ("an enormously compassionate soul", selon un critique) au percussif détonant, avec une expressivité totale et un groove imparable. Impossible de s'ennuyer avec lui, même si ce côté démonstratif et extraverti peut gêner certains esprits chagrins.

Assez méconnu, il a pourtant enregistré avec une foule d'autres cinglés de son espèce, de Art Blakey à Herbie Hancock, en passant par Lee Konitz, McCoy Tyner, Mary Lou Williams, Hank Jones, Sonny Rollins, Freddie Hubbard, et j'en passe... Il a en outre commis neuf albums sous son nom, la plupart étant des albums de cinglé... Voilà pour cerner un peu l'animal.

L'al-bum ! L'al-bum ! L'al-bum ! L'al-bum !

OK, les enfants, voici la critique de Heartbeat.

I Fall in Love too Easily (******). Williams prend des libertés avec ce standard surtout connu pour sa version au (bon) goût de guimauve, exécutée par Chet Baker. Le morceau commence par une variation autour du thème à la contrebasse seule, avant que le piano ne se pose avec délicatesse et retenue, accompagnée de Ben Riley aux balais. La contrebasse continue de mener la danse, allant et venant autour du thème. La force mélodique de l'interprétation est tout simplement bluffante et le jeu de Williams est techniquement très affûté. Avec bon goût, le rideau se referme très vite, assez pour nous laisser sur notre faim, et trépignant en attendant la suite.

Toku-Do (*******). Chouette thème à la Parker/Gillespie, qu'on retrouvera d'ailleurs dans une très bonne version sur l'album éponyme deux ans plus tard. Du bon bop, qui met à l'honneur les talents du très sûr Kenny Barron (Yusef Lateef, Freddie Hubbard, Ron Carter, Chet Baker, Stan Getz, etc.).

Avec Shadows (******), on entre dans quelque chose de plus ambitieux et d'assez crossover, avec un superbe thème qui prend son temps pour éclore, exposé avec nuance aux cordes (les arrangements sont de Williams lui-même), qui tournent et tournent, suspendent leur chant, et s'élèvent vers un beau climax à vous faire dresser les cheveux (si vous en avez) sur la tête. Tout le monde est de la partie et appliqué à servir la compo. Le jeu de contrebasse, tout en apportant une base en béton armé, se fait impressionniste, respire, halète, reprend, grogne un peu, et nous gratifie de vibratos audacieux et franchement assumés. Le choix de Barron au piano se confirme, avec un jeu très sentimental, tout à fait en phase avec le thème. Le chorus de contrebasse qui s'ensuit est parfaitement relâché et libéré de toute contrainte (on remercie la rythmique au passage). Mon chat est sur le bureau, et les yeux fermés, moustaches frémissantes, kiffe comme c'est pas Dieu permis, en battant la mesure de la queue... Félin feeling...

Pygmy Lullaby (******). Le temps de changer de face, et Jimmy Rowles (Admirez l'éclectisme : Lester Young, Benny Goodman, Art Pepper, Billie Holliday, Ella Fitzgerald période grands orchestres) s'invite au piano, avec sa compo à lui sous le bras, et on aurait tort de s'en plaindre. On est dans la droite ligne du morceau précédent, avec un titre qui lorgne franchement du côté du classique contemporain, de par le jeu de piano, mais aussi par le thème. D'ailleurs, Pygmy Lullaby a des accents du Porgy and Bess de Gershwin. Une berceuse donc (cf. Summertime), certes, mais une berceuse un peu lunaire, nimbée de la voix céleste de l'énigmatique Suzanne Klewan (qui apparaît d'ailleurs, de manière tout aussi brève, sur Pinnacle, le premier effort solo de Buster Williams, ainsi que sur Crystal Reflections). Berceuse pour un petit dieu païen, au milieu de douces stridences au violon, avant le superbe chorus de piano, qui joue de la pédale et de la nuance avec un métier certain. L'interaction piano-contrebasse fonctionne à merveille, et la piste s'achève sur une note légèrement angoissée.

Ruby P'Gonia (******) commence en vrai jazz spirituel, avant d'embrayer sur un walking très classique. Kenny Barron, étourdissant, un peu dans le style d'un McCoy Tyner tardif, boit du petit lait, et nous aussi. Le jeu de batterie de Billy Hart est plus musclé, à l'avenant du chorus de contrebasse, qui ne ménage pas les effets, à grands renforts de glissandos et vibratos saisissants. A certains moments, Williams joue de la contrebasse comme on joue du clavier, avec harmonies, et parties basse et lead. Le tout s'enfuit dans un fade out (bon, je ne dirai rien pour cette fois...).

Tel Rémi Bricka, Buster Williams se la joue solo sur Veronica (******) et - aux doigts ou à l'archet - nous emmène là où il veut, et nous, on suit comme les rats suivent le joueur de flûte du conte jusqu'au précipice final. La chute est brutale, et continue bien après que le disque ait cessé de tourner.

CONCLUSION

On l'a compris, c'est un grand 6/6 pour un excellent album où rien ne manque : de belles compos, de la virtuosité, du bon goût, de l'émotion. La classe, quoi ! Il faut posséder ce disque, au risque que celui-ci ne vous possède à son tour... Ceci dit, aucune réédition CD n'existe à ma connaissance. Des avantages du vinyl...

A savourer également :

Buster Williams, Pinnacle, Muse, 1975
Buster Williams Trio, Tokudo, Nippon Columbia, 1978 (avec Kenny Barron et Ben Riley). L'album bénéficie du système d'enregistrement Denon PCM, et le son de contrebasse est tout simplement gigantesque !
Eddie Henderson, Realization, Capricorn Records, 1973 (on retrouve Billy Hart à la batterie)
Eddie Henderson, Inside Out, Capricorn Records, 1974 (idem)

En revanche, il faut à mon avis éviter comme la peste l'album Crystal Reflections, Muse, 1976, en collaboration avec un Roy Ayers au pire de sa forme (c'est dire...) D'ailleurs, on peut considérer la pochette comme un sérieux avertissement.

LA CRITIQUE DE MR.V

I Fall in Love too Easily (******) entre la version très cool jazz de Chet Baker et celle de Buster Williams il y a des kilomètres et c'est ce qui rend l'interprétation interessante, moi j'aime les deux versions!
Toku-Do (****) un peu trop démonstratif a mon goût .
Shadows (******) très beau morceau tout à fait à la hauteur de ses ambitions.
Pygmy Lullaby (******) changement de face et premier morceau véritablement dans la viene "spiritual jazz" avec cette courte envolée vocalistique , fermez les yeux et regardez plus profondément en vous même ,bref laissez-vous bercer ! Le meilleur titre de l'album.
Ruby P'Gonia (******) attention ça joue et ça joue vachement bien, Buster est belle et bien le leader!
Ruby P'Gonia (******) Gros son bien boisé , archet franc et spontané , le meilleur morceau de l'album (j'l'ai déjà dis , m'en fou , fais ce que j'veux!)

CONCLUSION

Voici donc une bien belle occas' pour te remercier de ce beau cadeau Mr.O ,un beau disque chez Muse qui mérite un 6/6 bien sure.

PS: Je ne suis pas tout à fait d'accord avec toi sur l'album "Crystal réflection" , c'est un bon disque si on fait abstraction de deux titres.

lundi 29 mars 2010

ALLEZ, HOP !














Dans la foulée, c'est là que je dégaine mon :
Buster Williams, Heartbeat, Muse, 1979


vendredi 26 mars 2010

EUMIR DEODATO - PERCEPCAO














Deodato - Adeus amigo

Odeon, EMI Brazil, 1972

Né en 1942 à Rio de Janeiro

FACE A
A1. Dia de verão
A2. A grande caçada
A3. O sonho de Judy
A4. Adeus amigo
FACE B
B1. Bebê
B2. Neve
B3. Barcarole
B4. Serendipity

LA CRITIQUE DE MONSIEUR O.

Voici en quelque sorte un album "quitte ou double". En effet, on peut le rejeter en bloc, le taxant d'immonde musique d'ascenseur, ou comme moi être touché par ce lyrisme romantique un peu désuet et hyper-peaufiné. D'ailleurs, Deodato s'est lamentablement fourvoyé à partir du milieu des années 70, et on ne sera pas dans le même état d'esprit à son égard selon qu'on aborde cet album après avoir écouté Whirlwinds (1974) ou après Skyscrapers (1973). C'est vrai que Percepção est parfois borderline et peut évoquer une sorte de Richard Clayderman érotomane en pleine crise mégalo, mais je ne vais certainement pas m'excuser d'aimer cet album, et je m'en vais vous dire pourquoi.

Enregistré alors qu'il commençait à sévir sur CTI dans une veine plus fusion avec le bonheur (musical et commercial) qu'on connaît, Eumir Deodato opère avec cet album quasi-introuvable en vinyl (si on a de la chance - comme moi - on peut trouver la réédition en CD qui n'a paru qu'au Brésil dans le cadre d'une rétrospective pour les 100 ans d'Odeon, et qu'il faudra vous faire expédier de là-bas) un virage entre la bossa sucrée de ses débuts, et le funk de sa carrière américaine alors balbutiante.

Nous avons affaire à un album orchestral, qui pourrait très bien être la bande originale d'un mélo hollywoodien un peu grandiloquent et tire-larmes. En tout cas, c'est la bande-son par excellence pour célébrer l'arrivée des beaux jours, et elle s'imposera au moins jusqu'au mois de septembre en ce qui me concerne.

L'orchestre n'est - de manière incompréhensible - pas crédité, et toutes les compositions sont de Deodato, à l'exception de Bebê, signée du grand compositeur brésilien Hermeto Pascoal.

Il est difficile de critiquer Percepção piste par piste tant l'album est homogène, exprimant la mélancolie infinie et la plénitude d'une fin d'après-midi d'été, alors que la lumière rasante du soleil finit de réchauffer votre peau salée par la mer calme et, qu'un verre à la main, un peu engourdi, vous contemplez votre petite amie qui lézarde sur le sable fin et qui est, bien sûr, plus belle que le jour et la nuit réunis. Le disque lui-aussi n'hésite d'ailleurs pas à donner dans le cliché bien sucré, mais cela est fait avec une telle sincérité, et un tel souci du détail et de la beauté de l'instant que ces lieux communs en sont totalement transcendés, et que les climaxes ultra-violonés nouent toujours un peu le coeur, et font un petit truc dans l'estomac, à cet endroit-là... non, plus à gauche... Il n'y a guère que Bebê pour rompre le sortilège et concrétiser en quelque sorte l'identité éminemment brésilienne du disque. En effet, même si musicalement, cela peut ne pas sauter aux yeux/oreilles à l'écoute des autres morceaux, l'émotion qui parcourt Percepção est bien la même que la petite chair de poule qui vous vient en écoutant la meilleure des bossas, disons A felicidade, par Agostinho dos Santos, par exemple.
- Mais... Mais Monsieur O... Mais tu pleures !!!
- Nan, laisse-moi...

C'est un 6/6 pour l'album en général.

A noter que Dia de verão sera reprise sous le titre Spirit of Summer dans l'album Prelude.

Le rip est de Flabbergasted Vibes, parce que j'ai bêtement oublié mon CD dans mon autoradio.

Se plonger également dans :

Deodato, Os Catedraticos 73, Equipe/Ubatuqui/Blue Moon, 1973, réédité en 2003 par le label Irma sous le titre Skyscrapers
Deodato, Prelude, CTI, 1973
Deodato, Deodato 2, CTI, 1973
Deodato, In Concert, CTI, 1973
Deodato & João Donato, Same, Muse, 1973
La BO du film Orfeu Negro, de Marcel Camus, Palme d'Or à Cannes en 1959, et édité dans un suuuupeeerbe coffret avec le DVD du film par Universal Jazz France (et oui, quand il font quelque chose de bien, il faut le dire aussi !)
Joe Hisaishi, Sonatine OST, EMI, 1993

En écoutant Percepção, on pourra lire Gatsby le magnifique ou Tendre est la nuit, tous deux de Scott Fitzgerald.


CRITIQUE DE MR.V

Voici un album bien difficile à critiquer car il faudra mettre beaucoup de préjugés au placard ,se bander les yeux et laisser l'imagination automnale faire son travail.

Dia de verão (****) En bon connaisseur du père Deodato je n'ai aucun mal a me glisser dans cette première plage un peu kitch.
A grande caçada (****) Les violons en font des tonnes , c'est trés orchestré mais ça passe un peu juste.
O sonho de Judy (****) Idem.
Adeus amigo (*****) Premier titre qui se dégage des autres ,pour clore cette face en beauté trite et romantique à pleurer ; le meuilleur titre de l'album à mon sens.
Bebê (*****)Ca sent bon le Bresil des 60's!
Neve (***) Là je vois rouge les violon en traînent des wagons!
Barcarole (****) Petit thème de sax et guitare bien tranquille sur ce boat au soleil couchant.Trombone un peu ringard.
Serendipity (****) Voici un titre qui cadre parfaitement dans une bande son d'un film hollywoodien qui se fini bien , tous les noms défilent et après c'est la pub ;je vais me coucher pénard.

CONCLUSION

Pour moi c'est loin d'être le meilleur Deodato mais il passe le cape et reste dans la bonne partie de sa discographie. C'est donc du 4/6 mon pote.

A ECOUTER

Deodato - Ideias (odeon 1964) ( Dans la même veine en plus bossa et moins orchestré )
Luiz Bonfà (Deodato : arrangements) - black orpheus impressions (dot 1968)

vendredi 19 mars 2010

MATCHING MOLE - SAME (1972)

Matching Mole
CBS (1972)

Voici sur quel pied Mr.V aime a danser !

MATCHING MOLE (né en 1971 et mort en 1972 , Angleterre)

ZICOS

Robert Wyatt ( méllotron , piano , drums & vocals + compo) ( pré Wilde Flowers , Soft Machine , Centipete ; post Hatfield & the north...................y en a trop!)
David Sinclair ( piano , organ ) (pré Wilde Flowers , Caravan ; post Hatfield & the north , Polite force & Camel)
Phil Miller ( guitare + compo sur *) (pré Carol Grimes , Caravan ; post Hatfield & the north , Lol Coxhill , National Health...)
Bill MacCormick ( basse ) ( post Quiet sun , 801 live )
Dave McRae ( électric piano ) (Mike Westbrook band , Neil Ardley)

POCHETTE

Alan Cracknell

Side 1 track 1 : o Caroline (5:06)
2 : instant pussy (2:59)
3 : signed curtain (3:06)
4 : part of the dance * (9:16)
Side 2 track 1 : instant kitten (4:58)
2 : dedicated to Hugh,but you weren't listening (4:40)
3 : beer as in braindeer (4:02)
4 : immediate curtain (5:58)

CRITIQUE DE MR.V

O Caroline (*****) Déclaration d'amour à sa copine de l'époque post rupture il me semble;j'ignore si avec ce morceau un peu mièvre le pére Wyatt a récupéré sa belle mais sa voix fait son effet sur mon p'tit coeur bleuet.

Instant pussy (******) douceur et légèreté me portent à chaque écoute de ce morceau qui va de paire avec Signed curtain (******)

Part of the dance (******) Avec ce titre on entre réellement dans le son Canterbury! Un must absolu et inaltérable.Tout y fait merveille c'est la très grosse classe.

Instant kitten (******) niveau le plus élevé de mon respect musical , je suis béa depuis plus de 25 ans d'écoute de ce fabuleux morceau.

Dedicated to Hugh,but you weren't listening (******) Avec ce titre (dédié à Hugh hopper probablement) qui fait écho à l'album de Keith Tippett, je ne peux qu'applaudir de toutes mes mains et rêver.

Beer as in braindeer (*****) progression d'électrons libres voulant sortir de la boite, ça se bouscule ,ça grince ,ça dérange tout et pourtant ça va dans le même sens , bref de la structure dans la déstructure!

Immediate curtain (*****) solo de méllotron pour clore cette longue pièce en douceur (une pesante apesanteur)


CONCLUSION

Un album indispensable 6/6

A écouter

Egg - same (Decca 1970)
Egg - polite force (Decca 1970)
Soft Machine - third (CBS 1970)
Robert Wyatt - rock bottom (Virgin 1974)
Robert Wyatt - the end of an ear (CBS 1970)
Khan - space shanty (Deram 1972)
Kultivator - barndomens stigar (Bar 1981)
Caravan - in the land of grey and pink (Decca 1971)
Hatfield and the north - same (Virgin 1973)
Hatfield and the north - the rotters'club (Virgin 1975)................................................et tant d'autres

LA CRITIQUE DE M. O.

O Caroline (****). Etrange de débuter l'album par une lovesong (en général reléguée à la plage 4 - pour laisser le temps de conclure ?). Pas de quoi se taper le c.. par terre en l'occurrence, avec une mélodie assez convenue, mais la voix fait son petit effet, avec juste ce qui faut de candeur et de fragilité. Ceci dit, on est quand même chez Wyatt, et les arrangements sont bien léchés, ce qui évite au morceau de pouvoir figurer sur la bande son d'un porno des années 70. De nappes de cordes en choeurs stratosphériques, l'ensemble baigne dans un gentil climat, entre bulles de savon et bouts de coton. Un morceau tout moelleux donc, un peu régressif, où finalement on est bien content de se blottir avec son doudou à soi.

Instant Pussy (*****) a la délicatesse de ne pas nous extirper de notre rêve bleu trop brutalement avec une ambiance hypnotico-psiloesque dans un genre qu'on pourra retrouver des décennies plus tard chez les Roots ou D'Angelo. Voix oniriques qui s'enchevêtrent en volutes psychédéliques, papier peint moiré et tentures en velours, pilou et chinchilla, Barbarella, où es-tu?

Signed Curtain (****) poursuit dans la même veine. Piano et voix éraillée pour une ballade bien 70.

Le démon du prog surgit sur Part of the Dance (******). Guitare lavique et piano électrique en fusion se tirent la bourre dans cette petite éruption qui bénéficie d'un excellent jeu de batterie. Convulsif et inspiré, incandescent, mais pas vraiment méchant quand même. Du bon petit magma en bocal (sans référence au groupe du même nom) ; un peu bordélique aussi, mais c'est le jeu...

Grand frère (ou plutôt grande soeur) d'Instant Pussy, Instant Kitten (******) est un développement de sa cadette, et s'ouvre comme une grosse fleur au parfum envoûtant un peu toxique, puis devient carrément carnivore jusqu'à 3:36, quand en suspension entre deux nuages violets, nous planons, ensorcelés par le clavier qui distille un air de conte de fées vaguement vénéneux et pervers. Ouah !!!

Alors que le clavier met en son l'arrêt cardiaque de l'auditeur, pseudo-harpes, et grincements de guitare peinent à nous ramener vers le sol. C'est la batterie qui s'en charge, et puis c'est un grand délire de quatre-cordes soutenu par un rythme en forme de coups de poing dans l'estomac assénés par un boxeur au bord de la syncope. C'était Dedicated to Hugh, but You Weren't Listening (*****) Du coup, on pardonne même le jeu de mots un peu nase du titre.

Avec Beer as a Braindeer (***), on se sent un peu comme sur la fin du titre précédent. Ca ne repart jamais vraiment, mais ça ne s'arrête pas franchement non plus. En même temps, on a affaire a une sorte de concept-album, et il est difficile d'envisager un morceau sans le remettre dans la dynamique de l'ensemble, mais était-ce bien nécessaire? On verra peut-être ce titre comme un membre arraché à Dedicated to Hugh. Pour moi en tout cas, ça ne marche pas tout seul.

Rideau ! C'est Immediate Curtain (*****), qui grouille et pétarade en sourdine, trépigne et ne peut pas sortir de sa coquille sur un fond de ciel qui s'étend à perte de vue, avec des cordes qui n'en finissent pas d'hésiter entre berceuse réconfortante et menace imminente. Le petit monstre ne naîtra finalement pas, et c'est une fin étirée tel un nuage après la tempête qui se dissout petit à petit, et nous avec, comme une nappe de brouillard jaunâtre et malfaisant. Post-atomique et un peu flippant...

CONCLUSION

... Hein ! Quoi ! Quelle heure est-il ? Où suis-je ? Pourquoi as-tu une barbe ? Et que fait ce chat vert au plafond ?

6/6


mercredi 17 mars 2010

DOC & MERLE WATSON - DOWN SOUTH














Doc & Merle Watson - Bright Sunny South

Flying Fish, 1984

Doc Watson (né en 1923, en Caroline du Nord) - Guitare, harmonica, voix
Merle Watson - Guitare, banjo, guitare slide

T. Michael Coleman - Basse sur Fifteen Cents, Hesitation Blues, Solid Gone, Cotton Eyes Joe, Hello Stranger
Buddy Davis - Basse sur Slidin' Delta, Coal Miner's Blues, Twin Sisters, The Hobo, Down South
Sam Bush - Violon sur Hesitation Blues, Twin Sisters, The Hobo, Cotton Eyed Joe

L'ordre des pistes sur ma réédition vinyle de chez Sugar Hill est différent du pressage original. Le nom des artistes et le titre sont imprimés de manière différente également. Je donne l'ordre des morceaux de mon exemplaire.

FACE A
A1. Fifteen Cents (Traditional)
A2. Bright Sunny South (Trad.)
A3. Slidin' Delta (Mississippi John Hurt)
A4. Coal Miner's Blues (A.P. Carter)
A5. Hesitation Blues (Trad.)
A6. What a Friend We Have in Jesus (Joseph Scriven, Charles Converse)
FACE B
B1. Solid Gone (A.P. Carter - trad.)
B2. Twin Sisters (Trad.)
B3. The Hobo (Trad.)
B4. Cotton Eyed Joe (Trad.)
B5. Hello Stranger (A.P. Carter)
B6. Down South (Trad.)

LA CRITIQUE DE M. O :

Un excellent album dans l'abondante discographie de Doc Watson. Il semble du reste qu'il est impossible de trouver de faux pas dans toute sa carrière. Comme souvent, Doc Watson nous gratifie d'un florilège de chansons du folklore américain. Il ne s'agit pas de country ici, mais plutôt d'un folk solide et habité, délivré avec une sobriété qui force l'admiration. Même si la pochette sent le chromo bien mis en scène, elle réussit à évoquer ce qu'on ressent à l'écoute du disque : une demi-heure à jouer sur le porche de la maison, dans une atmosphère intime. Pour un peu, on pourrait entendre la nuit bruisser du chant des insectes et voir frémir l'ombre des sycomores.
Bien que le dénominateur commun soit une musique à forte identité, l'ensemble est tout de même très varié, allant du blues (Slidin' Delta, Coal Miner's Blues, Hesitation Blues, Hello Stranger), au gospel (What a Friend We Have in Jesus), en passant par le traditionnel d'inspiration celtique (Twin Sisters, et dans une moindre mesure Bright Sunny South), et la ballade bluegrass.

Aujourd'hui, Doc Watson serait sans doute recalé dès les sélections de la Nouvelle Star, et pourtant c'est justement cette voix et cette façon de chanter si simples, qui pourraient être celles de votre beau-frère, qui rendent ses chansons si poignantes et rendent ample justice à des textes tout simplement beaux comme les paroles de Bright Sunny South, qui relatent le départ d'un jeune soldat sudiste à la guerre. Par comparaison, la version d'Alison Kraus & Union Station, qu'on peut entendre sur leur album New Favorite (Rounder/UMGD, 2001) bien qu'impeccablement jouée, et servie par le talent de chanteur de Dan Tyminski, fait figure de chanson de kermesse ou de fête du rodéo.
La musique elle aussi est toute en retenue, et il faut l'immense talent de Watson et de son fils Merle pour faire paraître si simples et modestes des plans à s'arracher la barbe.

Conclusion :

Ecouter Down South donne l'impression de lever l'espace de quelques dizaines de minutes un coin de rideau, révélant des moments de la vie de gens simples au sud de la ligne Mason-Dixon entre la moitié des années 1850 et la grande dépression.
C'est un 6/6, et j'étranglerai personnellement celui qui dira le contraire avec une corde de banjo en boyau de chat.

A consulter :

Enregistrements :
Doc Watson - Doc Watson, Vanguard, 1964
Doc Watson - Southbound, Vanguard, 1966
Doc & Merle Watson - Ballads from Deep Gap, Vanguard, 1967
Dock Boggs - Legendary Singer and Banjo Player, Folkways Records, 1964
Mike Seeger, Southern Banjo Sounds, Smithsonian Folkways Recordings, 1998


DVD :
Mike Seeger - Southern Banjo Styles, vol. 1,2,3, Homespun, 2006
Dans cette superbe série, le musicien-chercheur-passeur fait oeuvre de pédagogie en présentant instruments, manières de jouer, morceaux, glanés de première main au cours de ses recherches.


CRITIQUE DE MR.V

Solid gone (*****)
Bright sunny south (******) c'est tout bon!
Slidin' delta (******)
Coal miner's blues (*****)
Hesitation blues (*****) un blues parfun cajun
What a friend we have in jesus (******) seul avec son harmonica , une voix chaude et sincère , émotion garantie.
Fifteen cents (*****)
Twin sisters (******) morceau qui donne bien envie de s'poser dans un champ et de s'faire griller du maïs.
The hobo (*****)
Cotton eyed joe (*****)
Hello stranger (*****)
Down south (****)

CONCLUSION 6/6

Encore un album qui me console des années 80 , de toute façon il n'y a rien à jeter dans l'abondante discographie du vieux Doc et de son fiston , simplement parcequ'ils sont restés fidèles à leur style sans se soucier du reste!

A ECOUTER

Doc & Merle Watson - two day in november (poppy 1974)
- memories (sugar hill 1975)
Leo Kokkte - greenhouse (capitol 1972)
the nitty gritty dirt band - will the circle be unbroken (capitol 1972)
Bruce Cockburn - night vision ( true north 1973)


vendredi 12 mars 2010

BETTY DAVIS - IS IT LOVE OR DESIRE














Betty Davis - Whorey Angel

née en 1945, ex-mannequin et seconde femme de Miles Davis

Sundazed, 2008

Betty Davis - Chant
Larry Johnson - Basse
Fred Mills - Claviers, chant (A3), choeurs (A4/B1)
Carlos Morales - Guitar, choeurs (B1)
Semmy (Nickey) Neal Jr. - Batterie

Clarence Gatemouth Brown - Violon (B5)
Carrie et Cora - Choeurs (A1)
Nathaniel Corbett - Percussions
Hoyt - Choeurs (A1/A4)
All - Choeurs (B4)

LA CRITIQUE DE M. O :

Avec cet album, enterré depuis 1976 par le label Island, Sundazed donne enfin corps à un disque qui avait finit par devenir comme l'Arlésienne de Daudet, des enregistrements ayant circulé chez les initiés, les anciens musiciens de la belle laissant entendre que c'était bien là le Graal, le meilleur album de Betty Davis (?!!!?), laissant imaginer aux enthousiastes de la Miss, une orgie de grooves lascifs et suintants, de voix rocailleuses, explosives et orgasmiques... Une légende qui du reste était en phase avec le halo de mystère dont Betty Davis s'est entourée après avoir mis une fin brutale à sa carrière à la suite de trois albums exceptionnels et véritablement uniques. 32 ans plus tard, le contenu est-il à la hauteur de nos (mes ?) fantasmes ?

Effeuillons cet album, mes amis...

Ce qui frappe tout d'abord, c'est le son, bien différent des précédents albums de Betty Davis. Celle-ci ne vous susurre plus à l'oreille, mais feule cette fois-ci un peu à distance, un peu perdue dans le mix. L'ensemble de la production paraît aussi plus léché, mais un peu impersonnel. Passée cette première impression, un peu décevante, on retrouve ces bons morceaux funk/rock gras et rugissants (Is It Love or Desire/Stars Starve You Know avec une Betty Davis proprement déchaînée), envoyés avec une bonne dose de cojorones. Sont aussi au rendez-vous ce funk moite et lent, obsédant des précédents albums (Whorey Angel, chanté par Fred Mills, très bon, très George Clinton), avec basse slappée dans le genre Brothers Johnson (Bottom of the Barrel), et guitares acides et acérées.
Is It Love...
nous gratifie toutefois de vraies surprises, avec des titres plus liés , plus rock (It's So Good), une abondance de choeurs, claviers, et autres happenings Funkadeliciens, et un souci des arrangements plus appuyé. La plupart des morceaux ne tournent pas sur un riff comme avant mais évoluent, ont de vrais ponts et des breaks plus fouillés. Il y a même une ballade (!!!), When Romance Says Goodbye, lancinante à souhait, et qui pourrait trouver sa place sur un album de RZA, à l'image de For My Man, où les strates sonores, parfois synthétiques, créent une ambiance inédite jusqu'ici chez Miss Davis, et où le violon vient apporter une touche de Deep South vraiment bien vue.
Is It Love apporte malheureusement aussi son (très restreint) lot de déceptions : Let's Get Personal, qui bénéficie de paroles très explicites, est un blues somme toute bien traditionnel qui n'apporte pas grand' chose, tout comme Bar Hoppin', au rythme particulièrement peu groovy, un peu décousu, avec des sons de claviers très douteux, et où même le chant de Davis la lionne en devient irritant.

Conclusion :

Et bien, voici un album qui n'est pas superflu dans la courte discographie de Betty Davis, et qui se distingue de ses efforts précédents par une vraie recherche d'innovation dans la compo, les arrangements, et la production, cette dernière n'étant pas à mon avis tout le temps des plus convaincante. En tout cas, nous avons affaire à un disque plus éclectique, un peu déroutant lors des premières écoute pour celui qui était resté fixé sur l'image de Betty Davis laissée par ses trois albums précédents, mais qui prend son temps pour se dévoiler. Un strip-tease effectué avec beaucoup de savoir-faire, mais sans oublier l'émotion. C'est quand même un 5/6, messieurs dames.

A1 - Is It Love or Desire (*****)
A2 - It's So Good (*****)
A3 - Whorey Angel (******)
A4 - Crashin' For Passion (******)
A5 - When Romance Says Goodbye (******)
B1 - Bottom of the Barrel (******)
B2 - Stars Starve You Know (****)
B3 - Let's Get Personal (***)
B4 - Bar Hoppin' (**)
B5 - For My Man (*****)

A écouter aussi :

Betty Davis, Just Sunshine, 1973
They Say I'm Different, Just Sunshine, 1974
Nasty Gal, Island, 1975

Ces trois albums ont fait l'objet d'une excellente réédition par Light In the Attic, avec photos, notes, et un grand soin apporté à la qualité du son.

CRITIQUE DE MR.V

Is It Love or Desire (******) un bon funk avec une Betty encore bien mordante.
It's So Good (*****) après l'effet surprise des premières secondes je me laisse prendre par ce chant tout en retenu ,par cette guitare mortellement groovy et par ces choeurs dignes des meilleurs heures de Frank Zappa & the mothers (cf Dinah-Moe-Hum)
Whorey Angel (******) avec ce titre c'est bien le groupe qui est mis en avant , notre Betty d'habitude si exubérante se place dans les rangs comme les autres (niveau 6 étoiles!); la guitare à la "Eddy Hazel" bien fuzzy réchauffe mon p'tit coeur Funkadelicus.
Crashin' For Passion (******) de Funkadelic l'inspiration est ici évidente et de bonne facture , ça fait du bien!
When Romance Says Goodbye (*****) 2ème effet de bonne surprise avec ce titre cool quasi bluesy.
Bottom of the Barrel (*****) on est bien reposé ,mais attention Betty est de retour avec sa horde de funkymen.
Stars Starve You Know (*****) titre déclamé à la manière de Jimmy Castor Bunch (cave man) avec des choristes qui envois la purée!
Let's Get Personal (****) un blues "fond de tiroir" qui a son p'tit charme, sans originalité mais...c'est Betty!
Bar Hoppin' (***) le clavier à bien faillit transformer ce titre en rouge ; il y a des trucs qu'on voudrait pouvoir effacer!
For My Man (****) titre qui se termine un peu rapidement a mon goût.

Donc si j'ai bien compté ça fait 5/6 mon p'tit monsieur !

écouter aussi :

Funkadelic - standing on the verge of getting on (1974)
Jimmy Castor Bunch - it's just begun (1972)

A qui le tour ?














Si Mademoiselle Davis veut bien avoir l'obligeance de s'avancer, que Docteur O. puisse l'examiner...

samedi 6 mars 2010

BJORN J:SON LINDH - RAMADAN














Bjorn J:son Lindh - Benitos Hare

Né en 1944 à Arvika, Suède

Metronome - 1971

Björn J:son Lindh - flûtes, piano électrique (A1), piano (B2), tambourin (A3)
Bobo Stenson - Piano électrique (A2/A4)
Kenny Hakansson - Guitare électrique (A1/A2/A4/B1/B4)
Hawkey Franzél - Guitare (B2)
Mats Hagström - Violoncelle (B4)
Georg Wadenius - Basse électrique (A1/A2/A4/B1/B2/B4), guitare (B3)
Palle Danielson - Contrebasse (B3)
Kofi Ayivor - Congas (A1/B1/B4)
Joseph Mocka - Congas (B2)
Jan Bandel - Tablas (A4/B2)
Ola Brunkert - Batterie (A1/A2/A4)
Rune Carlsson - Batterie (B1/B4)

FACE A
A1. Lastbrygga (Björn J:son Lindh)
A2. Daphnia (Lindh)
A3. Min Tulpan (Lindh)
A4. Tuppa (Lindh)
FACE B
B1. Benitos Hare (Lindh)
B2. Ramadan (Ad el Rahman el Khatib)
B3. Love March (G. Dinwiddie - P. Wilson)
B4. Kullens Fyr (Lindh)

Enregistré et mixé aux studios Metronome, Stockholm, du 15 mars au 20 avril 1971

La critique de Monsieur O.

Björn J:son Lindh est un flûtiste virtuose qui a selon Discogs 16 albums sous son nom (dont 7 sous l'estimable label suédois Sonet). Il a en outre participé à de nombreux autres disques pour des artistes aussi variés que le guitariste Janne Schaffer, ou les stars de la variété Abba et Murray Head. Il est également compositeur de musiques de films.

J'ai découvert Ramadan, premier album solo de Lindh, sur le défunt blog MyJazzWorld. Il s'agit d'un disque qui témoigne de la grande curiosité de l'artiste, et au travers de ses huit morceaux aux titres passablement exotiques, pioche dans la musique folklorique nordique aussi bien que dans le funk, le jazz, et la musique orientale. Pour autant, tout ceci me semble fait avec beaucoup d'humilité et de goût, sans surenchère, et avec une grande lisibilité musicale.

L'album ouvre sur Lastbrygga (*****), morceau groove à la CTI (c'est d'ailleurs CTI qui s'est chargé de la distribution US), où on retrouve des influences folkloriques, notamment sur le pont du thème, et où le jeu de flûte chanté rappelle Jeremy Steig.

Daphnia
(*****), après une belle intro flûte / cordes sur un motif traditionnel se débride en lançant dans un funk assez sage, bien maîtrisé, mais encore une fois, Ramadan n'est vraiment pas un disque où ça part dans tous les sens.

Min Tulpan
(******) est un titre uniquement interprété aux flûtes et percussions (minimalistes), à consonance très traditionnelle, voire carrément médiévale. Une belle (et courte) compo assurément.

Tuppa
(******) introduit enfin la première touche orientale de l'album, avec un beau thème arabisant soutenu aux tablas et relevé par des breaks un peu progs. Beau moment quand on embraie sur un solo de Rhodes plus jazzy, mais lorgnant franchement du côté des gammes orientales. Les tablas donnent une perspective sonore assez saisissante. Lindh se rajoute par dessus, et on ne peut que reconnaître son sens de l'à-propos et de l'économie. Des petits sons mystiques viennent renforcer l'ambiance. De la belle ouvrage.

Benitos Hare (*****) est un morceau de danse dans le genre trad qui évolue de manière assez surprenante, sur une sorte de blues du paysan suédois après la récolte de l'orge. Divers motifs écrits se fondent les uns dans les autres avec beaucoup de classe jusqu'à l'exposition finale du thème. On applaudit et on se reverse un verre de Starköl !!!

Ramadan (*****) est le morceau le plus ostentatoire (c'est dire !) avec une intro à la Keith Jarrett (cf. Köln Concert) qui ouvre sur une compo orientale bien modale et tout, comme il faut. On retrouvera le compositeur, et comparse de Lindh, sur l'album Cous Cous un an plus tard. La deuxième partie du thème est bien plus intéressante que la première, un peu facile à mon goût. Le tout est bien ficelé par une écriture très austère et un jeu entièrement dédié à cette dernière, sans fioriture.

Love March (****) est une reprise du morceau du Paul Butterfield Blues Band, sans le côté pompier et lourdingue des voix/roulements de tambours. J'adore quand la reprise est meilleure que l'original, et c'est le cas ici. De loin.

On termine l'album comme on l'a commencé par un bon groove un peu lounge, agréablement ornementé d'un violoncelle, c'est Kullens Fyr (******), où il est question de phare sur une colline, je crois, le morceau le plus enlevé de l'album, avec un solo de flûte assez échevelé.

En conclusion, un bon petit disque éclectique sans être fourre-tout, tout propre, mais avec de belles surprises rythmiques et mélodiques ; le meilleur des 6 albums de Lindh que j'ai pu écouter. Les compos sont réglées au millimètre, et si tout cela manque un peu de folie (j'avoue que la pochette ne ment pas sur le contenu), on s'y sent comme dans un costume bien taillé. Ca vaut bien 5/6, non ? Allez, Björn, arrête de faire la gueule...

A recommander :

Björn J:son Lindh - Cous Cous, Metronome, 1972 (avec Janne Schaffer)
Jeremy Steig - Temple of Birth, Columbia, 1975

Critique de MR.V

Lastbrygga (******) du groove, des breaks, de la wha-wha, une flûte qui gueule comme y faut! Un must.
Daphnia (*****) flûte sautillante ,rhodes et guitare débridés, thème sympa.
Min Tulpan (******) le morceau tradio/médiévale.
Tuppa (******) titre orientalisant et séduisant à souhait.
Benitos Hare (*****) entre sprint et récupération , la musique c'est sport ! Morceau à thème tradi une nouvelle fois.
Ramadan (*****) j'ai faim!
Love March (**) version bien superieure à celle du Paul Butterfield blues band mais morceau pas terrible tout de même! point faible de cet album presque parfait.
Kullens Fyr (******) point final et coup de maître , le meilleur titre de l'album à mon goût.

D'accord avec toi mon pote ,c'est un 5/6 .

A ECOUTER AUSSI (pour les fous du flûtio qui déboite)

Osanna - l'uomo (71)
Jeremy Steig - Wayfaring stranger (69)
Jethro tull - benefit (70)
Bobby Jaspar - jeux de quartes (avant 63)
Herbie Mann - Memphis underground (68)


KENNY CLARK/FRANCY BOLAND BIG BAND - OFF LIMITS (1970)





Kenny Clarke / Francy Boland big band (formation née en 1962 "de ses pères Americain et Belge" , mort en 1973)

"Off limits" (polydor) 1970

Side 1 track 1 : Wintersong (6.04)
track 2 : Astrorama (5.36)
track 3 : Osaka calling (4.13)
track 4 : Our kind of Sabi (3.55)

Side 2 track 1 : Sakara (9.33)
track 2 : Exorcisme (6.26)
track 3 : Endosmose (7.51)

ZICOS

Francy Boland (Belge) (piano ,rhodes , arrangeur , co-leader)
Kenny Clarke (US) (batterie , co-leader)
Benny Bailey (US) , Rick Keejer (?) , Art Farmer(US) et Dusko Gojkovic (Yougoslave) (trompettes , bugle)
Nat Peck (US) , Eric Van Lier (Belge) , Ake Persson (suedois) (trombone)
Derek Humble (RU) (sax alto)
Billy Mitchell (US) , Ronnie Scott (RU) (sax tenor)
Tony Coe (RU) (clarinettes, sax tenor)
Sahib Shihab (US) (sax soprano , sax baryton , flûte)
Jimmy Woode (US) (contrebasse)
Kenny Clare (RU) (batterie quand l'autre Kenny dirige)

Le Clarke /Boland big band a vécu 11 ans et a été porté par une quantité et une qualité de jazzmen Américains (pour la rigueur) et Européens (pour l'audace) ; carrefour des sonorités et du savoir faire !


L' album est divisé en deux parties ,la face 1 est une série de 4 morceaux de compositeurs Européens alors que la face 2 est une série de 3 compositions de Boland.


Wintersong composition de John Surman et Indian Brandee ; comme entrée en matière le big band nous congratule d'une course poursuite digne des meilleurs films noirs des années 50/60! les solistes s'en bouffent une bonne grosse tranche ça déferle de partout ,il n'y a aucun répit on ne s'ennuie jamais et à l'issue finale on se sent bien vivant!

Astrorama composition de Jean-Luc Ponty ; la baston n'est pas terminée ! entre accélérations et fausses retombées ,ça joue divinement bien ,le band au complet est debout les batteurs sont fous furieux ,c'est carré et multivitaminé!

Osaka calling composition d' Albert Mangelsdorff ,tromboniste et compositeur génial de la scéne Allemande des années 50/60/70/80/90!!!il fut de court passage dans le big band à la même époque (on peut l'entendre sur l'album "change of scenes" auprès de Stan Getz)bref!
Une toile de fond tissée par les tompettes une note tenue par les sax et un thème annoncé par les trombones en guise d'intro puis ,le rhodes déboule et la circulation peut reprendre doucement car l'embouteillage n'est pas loin....aie , trop tard!

Our kind of sabi composition d'Eddy Louiss (qui à pas mal joué avec Kenny Clarke) il suffit juste d'écouter la version de Stan Getz avec Eddy Louiss sur l' album "Dynasty" pour se rendre compte du boulot colossale de Francy Boland.

Sakara morceau bien chaloupé ,limite mystique avec un groove tranquille et efficace jusqu'au solo de batterie qui relance la grosse machinerie pour se terminer non pas en orgie ni en bombardement de notes mais en paisible reprise du thème initial! Génial!

Exorcisme un mauvais jeu de mots s'impose! ils ont le diable au corps ces gars là, mais n'appelez pas le curé laissez les jouer donc!

Endosmose , le titre est plutôt bien trouvé car dans ce morceau assez "free" il existe une osmose , quintessence du jazz!

CONCLUSION

Parole de Breton ça c'est d'la bonne galette!

Wintersong (******)
Astrorama (******)
Osaka calling (******)
Our kind of sabi (*****)
Sakara (******)
Exorcisme (*****)
Endosmose (*****)

Et bien, c'est un 6/6 il me semble,vous m'en donnerez des nouvelles Mr.O

A ECOUTER

-Peter Herbolzeheimer rhythm combination & brass - "wait a minute" (mps) ;"scenes -live at Ronnie Scott" ;"my kind of sunshine"(mps)
-Dizzy Gillespie - "live in Berlin 1968" (mps)
-Frank Foster - "loud minority" (mainstream)

La critique de Monsieur O.

Winter Song (******) : Entrée en matière proprement bluffante. L'orchestre nous balance l'équivalent d'un Mach 3 en plein visage avec une accroche en forme de générique de polar avec trompettes bouchées et nappes de cuivres. Assez vite, l'ambiance devient plus pêchue, avec un thème d'inspiration latin-jazz. Le solo de Rhodes qui s'ensuit est construit comme un chorus de guitare, puis chacun prend son tour : trompette, saxophone, entrecoupés de passages hyperactifs qui nous donnent l'impression d'être pris en pleine heure de pointe, au beau milieu de la route. Ca déboule de partout à fond la caisse. Etourdissant. Nouveau thème. Ouf, on est toujours vivant !

Astrorama (*****) nous propulse en plein péplum, avec trompettes victorieuses et saxophones barrissants, et la rythmique pose un gros feeling funk bien lourd avant de s'emballer en swing traditionnel. De fausses fins en cassures rythmiques, on se retrouve baladés, sans jamais rien contrôler de ce qui nous arrive. Là aussi, grosse baffe. Une écriture hyper-serrée. Pas de bricolage ici (cf. titre. Désolé).

Osaka Calling (***). J'espère reprendre le dessus après m'être fait rincé en deux morceaux. Bon, il y a un peu plus d'espace ici, mais les stridences ne sont pas vraiment accueillantes de prime abord. Moins d'inventivité dans les arrangements, pour un morceau qui fonctionne bien quand même avec quelques surprises sonores. Un peu tonitruant à mon goût.

Our Kind of Sabi (*****) commence comme on finit un morceau : tout le monde à fond. Ca joue à la limite de l'implosion, avec une mélodie qui fait penser à du Verdi sous caféine, et ça démarre swing tout à coup sans crier gare ; on se retrouve à nouveau forcé de suivre la cavalcade sans avoir eu le temps de boucler sa ceinture de sécurité, trimbalés que nous sommes par les différents solistes, au beau milieu de riffs dignes d'un épisode des Rues de San Francisco diffusé en accéléré. Complètement spasmophilique.

Sakara (******) débute comme un morceau de kozmigroov à la Lon Moshe. Petit rythme latin de coucher de soleil et chorus de sax évaporé avec une bonne louche de reverb. Voici enfin le morceau qui repose nos nerfs durement éprouvés. Trombone bouché et flûte mystique sont aussi de la partie et planent au dessus d'une contrebasse lancinante à souhait. Un intermède percussions cède le pas à une explosion de cuivres en fusion. On ne se refait pas, dirait-on... Mais non, c'était pour de rire, et on reprend notre petit mambo, et le soleil achève de se coucher, et on est bien ravi, ma foi...

Exorcisme (*****). Riffs funky à la James Brown pour un morceau plus conventionnel. Les passages contemplatifs le cèdent aux convulsions de cuivres, sataniques sans doute... A la fin du morceau, on ne sait toujours pas trop qui a gagné du diable ou du bon Dieu...

Endosmose (****) libère tout le monde et renvoie chacun dans son coin jusqu'au prochain attentat sonore. A bientôt, les cinglés...

Conclusion : une bien belle découverte qui gagne ses 5/6 haut la main et ne fait pas mentir son titre. Aujourd'hui, tout ce beau monde serait sans doute enfermé à double tour dans une cellule capitonnée et bourré de Ritaline. Quant à moi, je vais me faire chauffer une petite camomille, après tant d'émotions...