Peinture par Lénaïg

BIENVENUE SUR GOLGA IN A SWIRL

Ce blog, initié par Messieurs V. et O. a pour objet de se pencher plus particulièrement sur des albums que nous possédons, soit en CD, soit en vinyl, et d'en proposer une critique chacun.

Comme nous espérons faire naître - ou renforcer - chez nos visiteurs un intérêt pour les artistes que nous aimons, et non servir de plateforme de téléchargement gratuit, les albums qui font l'objet de nos critiques ne sont pas téléchargeables dans leur intégralité. Un seul morceau est publié pour mettre en appétit...

Les playlists de M. V., ainsi que les morceaux de la semaine de M. O. sont disponibles pour une durée de 1 mois seulement.

Tout ceci est sans prétention, et notre but est de nous faire plaisir, mais si vous croisez notre route, n'hésitez pas à laisser un commentaire, c'est toujours agréable.

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dimanche 30 mai 2010

THE PHILADELPHIA EXPERIMENT - S/T












The Philadelphia Experiment - Ain't It the Truth

Uri Caine / Ahmir Thompson / Christian McBride - The Philadelphia Experiment, Ropeadope Records, 2001

Uri Caine : Fender Rhodes, Piano à queue Steinway, Hammond B-3
Ahmir Thompson - Batterie
Christian Mc Bride - Basse et contrebasse
Pat Martino - Guitare (1, 2, 4)
Jon Swana - Trompette (1 et 5)
Larry Gold - Violoncelle et arrangements (10)

01. Philadelphia Experiment (Uri Caine) - 4:13
02. Grover ( Uri Caine) - 4:57
03. Lesson #4 (Caine/Thompson/McBride) - 2:52
04. Call for all Demons (Sun Ra) - 5:26
05. Trouble Man Theme (Marvin Gaye) - 4:31
06. Ain't It the Truth (Eddie Green) - 5:04
07. Ile Ife (Sherman Ferguson) - 6:10
08. The Miles Hit (Caine/Thompson/McBride) - 5:45
09. (re)MOVEd (Caine/McBride/Levinson) - 2:07
10. Philadelphia Freedom (Elton John/Bernie Taupin) - 3:09
11. Mister Magic (Ralph MacDonald/William Salter) / Just the Two of Us (Bill Withers/MacDonald/Salter) - 8:31

Ouvrant une (sans doute brève) parenthèse dans notre folie suédoise, c'est à une sorte de allstars light que nous sommes conviés avec ce disque qui rassemble des musiciens aguerris venant d'horizons distants-mais-pas-tant-que-ça. Uri Caine, touche-à-tout notoire a commis des albums jazz aussi bien que classiques ; Ahmir Thompson, peut-être plus connu sous l'alias ?uestlove, batteur du légendaire groupe de hip-hop The Roots a participé à de nombreuses collaborations, du rappeur Common au Soul Man D'Angelo en passant par Christina Aguilera, et est aujourd'hui également bien établi comme producteur (Al Green). Pour la petite histoire, Thompson est aussi basketteur dans le jeu vidéo NBA 2K9. Quant à Christian McBride, son histoire croise les routes des illustres Freddie Hubbard, McCoy Tyner, Pat Metheny, Chick Corea, John McLaughlin, mais aussi de Sting et de James Brown. Nos trois compères, natifs de Philadelphia - The City of Brotherly Love - rendent hommage à cette ville et à son passé musical, le Philly Sound, surtout connu pour son jazz/groove sophistiqué à l'aspartame, dans ce CD aujourd'hui épuisé.

Force est de constater que tout ce petit monde sait jouer, et si l'ensemble peut manquer de constance dans la qualité des compos : Lesson#4, The Miles Hit (indigeste) et (re)MOVEd ressemblent plus à des boeufs, ce qu'ils sont probablement d'ailleurs, donnant une impression de facilité, la maîtrise dont chacun fait preuve peine à sauver les meubles.

En revanche, l'album a quand même son lot de grooves imparables. A ce titre, Philadelphia Experiment, quoique lui aussi un peu aléatoire dans la structure, bénéficie d'un rythme à réveiller les morts, et de la guitare envoûtante de Pat Martino - autre natif de Philly - le miraculeux miraculé. Dans le même genre, mais un cran au-dessus, Grover, hommage à un autre compatriote - le saxophoniste Grover Washington Jr., - composé par Caine sur une grille simplissime, rappelle à quel point le premier temps de la mesure est sexy (cf. D'Angelo - Feels Like Makin' Love, sur Voodoo, Virgin, 2000). Sur ce morceau, Pat Martino nous gratifie d'un phrasé d'une élégance qui n'est pas sans rappeler George Benson (d'ailleurs compère de Washington chez CTI). Même commentaire pour Caine, dont le Fender Rhodes reste très lisible sur le morceau, à la différence de ses envolées assez opaques sur (re)MOVEd. McBride, dont la basse est augmentée d'une sorte de Mu-tron à la Bootsy Collins joue les discrets de luxe, balançant l'air de rien une bonne petite tuerie de temps en temps.

La reprise de Mister Magic, du regretté Grover Washington Jr. (Mister Magic, CTI, 1975), exécutée avec une bonne dose de sensibilité par Caine dans un esprit fusion classique, est aussi incontestablement un des bons moments du disque - surtout quand on connaît l'original - et va de rebondissements en surprises. Dans la foulée, l'improbable Just the Two of Us de Bill Withers par McBride seul, slappé à la Marcus Miller et overdubbé à la fretless électrique montre sans trop d'emphase la palette de son jeu, très rythmique et pourtant très mélodique. Une surprenante réussite, et c'était pas gagné, vu la version originale.

Toujours au rayon "j'envoie le bisteck", Ain't It the Truth du pianiste Eddie Green de... Philadelphie, se pose là, avec un McBride à dégoûter tout bassiste normalement constitué. Une virtuosité survitaminée alliée à une science du motif qui laisse tout simplement pantois avec un chorus de plus de 2 minutes qui est un modèle du genre. D'ailleurs, l'achat du disque se justifie rien que pour ce morceau.

Eddie Green était membre du groupe de jazz local Catalyst des 70s, dont notre trio reprend ensuite Ile Ife, un bon titre un peu mystique (du nom d'une cité mythique chez les Yoruba du Nigéria, lieu d'origine de leur culture, CQFD) , sur lequel Caine retombe malheureusement à nouveau dans ses élucubrations obscures. D'ailleurs, le morceau, comme la plupart des autres, se finit un peu en catastrophe. Dommage et un peu frustrant, car il y avait là matière à faire bien mieux. C'est en fait le reproche qu'on peut faire à une bonne partie des titres de l'album, qui pèche, il faut bien l'avouer, par une certaine nonchalance. Idem pour A Call... de Sun Ra, sur lequel la basse de McBride pulse pourtant comme une artère fémorale.

J'ai manqué la "Philadelphia Connection" sur la reprise du Trouble Man Theme de Marvin Gaye, tiré de la BO du film de blaxpoitation d'Ivan Dixon qui se range parmi les semi-déceptions évoquées ci-dessus. Si l'ensemble pulse honnêtement, ça reste une peu fadasse, limite ascenseur (c'est d'ailleurs peut-être là qu'il faut trouver la filiation avec le Philly Sound). La trompette en sourdine de Jon Swana rappelle Miles Davis et, de manière intéressante, fait du coup ressortir l'analogie entre les riffs du thème original et ceux du So What du Black Prince.

De la même manière, La reprise d'Elton John qui n'a, Dieu merci !, pas grand' chose à voir avec l'original, déçoit malgré la présence au violoncelle de Larry Gold. Encore une fois, le vent de l'inspiration ne souffle guère sur ce morceau assez oiseux au final, façon maladroite de fusionner pop, jazz et classique afin d'illustrer la diversité du son de Philadelphie (... ou de réussir à caser Gold sur le disque, en hommage à ce que la scène musicale de la ville doit à ce grand producteur, chacun choisira en fonction de son degré de cynisme...)

CONCLUSION

Un assez bon album qui brille par trois-quatre titres, mais qui semble un peu manquer d'implication. Ca joue très bien, le son est très bon, ?uestlove assure en fond avec sa sècheresse de timbre habituelle, mais on aurait sans doute préféré un hommage à la première "époque" musicale de la ville, celle du hard bop et de John Coltrane, de Clifford Brown et de Jimmy Heath. D'ailleurs, Ropeadope Records a sorti dans la foulée The Detroit Experiment (2003) et The Harlem Experiment (2007), ce qui peut laisser présager des arrière-pensées commerciales. Quoi qu'il en soit, l'album manque cruellement d'une production efficace et dirigée. Qui aime bien châtie bien, voilà. J'étrenne le demi-point dans la notation, et ce sera un 4,5/6, ni plus, ni moins.

Dans le détail, ça donne :

01. Philadelphia Experiment (*****)
02. Grover (******)
03. Lesson #4 (***)
04. Call for All Demons (****)
05. Trouble Man Theme (****)
06. Ain't It the Truth (******)
07. Ile Ife (*****)
08. The Miles Hit (**)
09. (re)MOVEd (**)
10. Philadelphia Freedom (****)
11. Mister Magic/Just the Two of Us (******)

A écouter :

Tous les albums de The Roots, mais surtout :
The Roots - Do You Want More ?!!!??!, Geffen Records, 1995
The Roots - Illadelph Halflife, Geffen, 1996
George Duke - Face the Music, BPM, 2002
Jill Scott - Who Is Jill Scott, Words and Sounds Vol. 1, Hidden Beach, 2000
Jill Scott - Experience: Jill Scott 826+, Hidden Beach, 2001
Jill Scott - Beautifully Human, Words and Sounds Vol. 2, Hidden Beach, 2004



LA CRITIQUE DE MR.V

Une nouvelle critique pour une découverte presque totale (j'avais déjà écouté d'une petite oreille distraite cet album que j'avais classé dans ma mémoire au rayon groove/acid jazz...voyons si ma p'tite tête a bien toute sa tête!)

01. Philadelphia Experiment (******) dés le début du morceau, le son vintage du rhodes associé à celui de la guitare (trés Abercombienne voir même Rypdaliénne!) le tout rapidement rejoint par une trompette bien vaporeuse et par une batterie groovy sèche et précise comme y faut me font tripper bien plus que flipper!Une super bonne entré en matière.

02. Grover (****) pour moi on est toujours dans du vert avec ce titre hommage bien exécuté mais sans grand relief , pour moi le beat plan-plan de la batterie (ou du programme) désert le morceau ,dommage les autres étaient pourtant bien la !

03. Lesson #4 (******) et voilà un jam bien envoyé ,c'est bon ça!

04. Call for All Demons (****) ça joue super bien mais le son de batterie (caisse claire) me dérange un poil.

05. Trouble Man Theme (****) pas mal mais pas essentiel.Cette reprise du thème de "Trouble man" O.S.T de Marvin Gay ,même si elle n'est pas (à mon sens) à la hauteur de l'originale à ses bons moments ,surtout sur la fin.

06. Ain't It the Truth (******) ahahah! voici un titre fétiche de MR.O (je suis sure qu'il sera en écoute!) Bon pour le morceau il y a une basse groovy très film de boules ,une mayo qui monte bien et une fin en couille , la répet' était bonne ,on la garde!

07. Ile Ife (******) La classe! ici on est plus dans le jazz groove que dans le groove jazz! quelle tornade ce Uri Caine! 

08. The Miles Hit (****) Il y a tout de même du bon groove dans cet ascenseur !

09. (re)MOVEd (****) même si le son du piano me dérange un peu ,il butte le gars, d'ailleur la police arrive à la fin.

10. Philadelphia Freedom (*****) le violoncelle me tient et j'écoute sans résistance.

11. Mister Magic (******) Deuxième hommage à Grover Washington Jr avec un piano à la hauteur......
...... Morceau caché, troisième hommage! Just the Two of Us (****) je n'est jamais été un grand fan de ce titre ,mais la, le bassiste se fait bien plaisir, genre : hey les gars si on reprenait "just the two of us" de Grover Washington , j'ai apporté une démo ,voyez si ça vous branche! hey no prob Chistian! mais tu as déjà tout fais ,ce sera donc notre morceau caché!cool.

CONCLUSION

Une bonne impression générale qui mérite bien un 5,5/6 bref encore un bon disque a classer dans le groove/jazz , ma p'tite tête a bien toute sa tête!

vendredi 21 mai 2010

Pour faire flipper MR.O

Et bien pour moi ce sera l'artiste mystère!
Une critique sans connaître ni le nom des zicos ni le nom des morceaux , juste l'ordre d'apparition dans l'album et la musique!
A l'issue de ta critique je dévoilerais tout!
A toi de jouer!AHAHAH.

MR.V

mardi 18 mai 2010

Pour faire flipper M'sieur V...

J'annonce ma prochaine critique (et ouais) !!!













Uri Caine/Ahmir Thompson/Christian McBride - The Philadelphia Experiment, Ropeadope Records, 2001

samedi 15 mai 2010

JAN EDVARD WALLGREN - LAVORO IN CORSO














Jan Edvard Wallgren - In Search of Traditions Lost

Jan Edvard Wallgren & The Swedish Radio Jazz Group - Lavoro in Corso, Dragon, 1985

Musiciens :

Jan Edvard Wallgren (1935-1996) - Piano et direction d'orchestre
Bengt Ernryd - Trompette, bugle, trompette piccolo
Gustavo Bergalli - Trompette
Hakan Niqvist - Trompette, cor
Lasse Oloffson - Trombone
Sven Larsson - Trombone basse
Lennart Aberg - Saxophones alto et soprano, flûte alto
Krister Andersson - Saxophone tenor, clarinette
Erik Nilsson - Saxophone baryton, clarinette basse
Palle Danielsson - Contrebasse
Orjan Fahlström - Percussions
Petur Ostlund - Batterie
Bengt Berger - Tablas, percussions

Morceaux :

FACE A
A1. Dur Och Moll Ar Var Paroll
A2. Come, Creative Spirit
A3. A Ground for these Distracted Times
A4. In Search of Traditions Lost
FACE B
B1. Would You Like to Play the Blues with Me?
B2. Alexander Skryabin's Raga-Time Band
B3. Aria and Blues in G

LA CRITIQUE DE MONSIEUR O.

Jan Wallgren est un pianiste suédois important et boulimique, qui a donné dans le jazz, ainsi que dans le classique (il a composé de la musique pour le cinéma, le théâtre, un opéra - Balangatjik, ainsi qu'un requiem - För levande och döda - et de la musique de chambre, entre autres). Lavoro in Corso (travaux en cours, en italien) est une commande de la radio suédoise dans laquelle, et de son propre aveu, Wallgren a vu l'opportunité de rassembler des bribes non encore achevées (cqfd titre), et de sélectionner les morceaux sur la base de leur diversité, afin d'illustrer l'éclectisme de ses goûts musicaux.

L'ensemble est au final un album superbe et attachant qui s'est naturellement trouvé une place parmi mes préférés, au carrefour du jazz et du classique. Malgré toute sa science musicale, Wallgren présente un disque érudit, mais jamais abscons, et d'une beauté humaine toute simple et accessible (et n'est-ce pas une grande preuve de maturité et de modestie ?). D'ailleurs, il réussit quelque chose de suffisamment rare pour être souligné en créant une connivence assez forte avec le compositeur. En outre, il reste fidèle à sa vocation pédagogique - il a enseigné de nombreuses années - en incluant dans la pochette un fascicule avec des extraits des partitions du disque.

Dur Och Moll Ar Var Paroll (******) est pour l'essentiel une progression modale qui ne saurait cacher sa filiation avec le classique romantique. Le début, au piano seul, accompagné de la (très bonne !!!) basse est touchant de délicatesse, tout en exprimant beaucoup d'intention. Moment de grâce sur le chorus de Ernryd, un compère de longue date de Wallgren, dont la légèreté et la sentimentalité du jeu évoque aujourd'hui un Paolo Fresu en forme. Un majestueux arrangement de cuivres en liberté surveillée vient élargir encore la dimension du morceau. Basse et piano s'octroient les dernière notes d'un morceau de quatre minutes trente qui passent comme un songe. A réécouter, encore et encore.

Come, Creative Spirit (******) tourne autour d'un motif emprunté au chant grégorien. Dans une atmosphère spirituelle égrenée au piano et qui rappelle autant un balafon africain que le son d'un mobile zen en bambou dans la brise, Danielsson à la contrebasse tourne autour du motif en question, rejoint pour l'exposition par le soprano. La phrase passe à l'arrière-plan, reprise par les autres cuivres alors que Aberg choruse, et l'ensemble va crescendo. La contrebasse repose le tout, la batterie part aux cymbales, et c'est au tour de Ernryd de s'y coller à la trompette. Même principe : la sauce monte (poussez pas, derrière !), puis tout le monde se rejoint à l'unisson sur le thème, et on boucle la boucle en revenant aux soprano/contrebasse/ piano, puis contrebasse/piano. Fin sur quelques harmoniques qui s'envolent... Un titre en forme de cercle.

A Ground for these Distracted Times (******) est une passacaille, variation en 3/4 en vogue aux XVII et XVIIIèmes siècles, basée sur un ostinato de basse. Curieusement, alors que la passacaille est traditionnellement la pièce finale d'une suite de danse, Wallgren fait de la sienne le premier mouvement d'une pièce en trois parties, dont seule la première est présente sur le disque). Grave et majesteux.

In Search of Traditions Lost (******) est plus complexe. Un contrepoint imitatif à la quarte, assez solennel et tonitruant, succède à un canon au piano sur lequel le soprano expose la phrase du thème. S'ensuit une improvisation au piano sur le même mode, d'inspiration arabisante. Chorus de bugle. Nouveau thème qui utilise la cadence Landini (ce qui m'a permis d'apprendre ce que c'était : dans un écart de sixte, la mélodie s'abaisse d'un ton - à la quinte - avant la résolution à l'octave), un procédé plus ancien (XIV/XVèmes siècles). Au delà de ces considérations techniques, qu'on a tout à fait le droit d'ignorer, la fusion est très réussie, et chacun s'illustre par son bon goût (encore une fois, mention spéciale à Danielsson, qui alterne un jeu très dépouillé avec des moments très jazzy, avec une réussite rythmique de tous les instants).

Would You Like to Play the Blues with Me? (******) est comme son nom l'indique un blues, avec la particularité tout de même d'être en 7/4, et ça swingue du feu de Dieu ! Piano dans la tradition, et bon chorus de trombone soutenu par des riffs de cuivres. Le saxophone s'y met aussi, et les deux se tirent la bourre, jusqu'à ce que le morceau implose littéralement. Après avoir repris ses idées, le piano le fait renaître de ses cendres, augmenté cette fois de tablas. Super motif rythmique de fin, repris par tout le monde en choeur et FIN !

Faut-il voir dans Alexander Skryabin's Raga-Time Band (******), outre un hommage au compositeur russe de la fin XIXème, un clin d'oeil au Sergeant Pepper des Beatles ? En tout cas, pas de ragtime, ni de pop ici, mais un morceau obsédant tout de cuivres orientaux vêtu, le plus libre de l'album, composé de vagues qui enflent et se retirent. Le titre vient en tout cas de l'utilisation de tablas, qui ajoutent à la couleur du morceau. La basse crée en complément de bonnes surprises rythmiques sur le chorus de piano. Petit à petit, on prend de la vitesse, et le soprano nous gratifie d'un chorus qui, contrairement à toute attente, groove sa mère. Fin lente et énigmatique.

De par son titre, Aria and Blues in G, qui n'a rien de l'un ni de l'autre, ou alors j'ai mal cherché, illustre une nouvelle fois la volonté de Wallgren de mélanger genres et époques. Après un chorus de flûte orientalisant, un thème de la même eau, accompagné aux tablas nous rappelle le Ramadan de Björn J:son Lindh. Après un nouveau chorus de flûte, thème N°2, sur lequel enchaîne Ernryd à la trompette. Thème N°3, sur lequel Wallgren nous conseille de chanter un extrait du Songe d'une nuit d'été de Shakespeare, ce qui en dit long sur le nombre et la diversité des esprits invoqués par Wallgren sur ce projet. Retour au premier thème, et fin en douceur. Un chouette titre modal. (******)

CONCLUSION

C'est bien simple : un disque parfait ! Rien à redire ! Nickel chrome ! La grand classe ! 6/6 semble à peine suffisant.

A écouter aussi :

Wallgren Orkester - Steel bend Rock, Attlaxeras, 1973
Wallgren/Ernryd - Love Chant, Dragon, 1976
Wallgren/ Ernryd/ Niebergall/ Sjökvist - Ballade an der Ruhr, Dragon, 1980
Okay Temiz - Oriental Wind, Sonet, 1977

LA CRITIQUE DE MR.V

Dur Och Moll Ar Var Paroll (******) Une belle mise en bouche.
Come, Creative Spirit (******) Du très grand art , les amateurs de classique comme de jazz y trouveront leur compte.
A Ground for these Distracted Times (******) beau à pleurer. Un piano romantique dans le meilleur sens du terme. Magnifico!
In Search of Traditions Lost (******) oh putain!la claque! la musique a des pouvoirs fabuleux! il suffit juste de l'écouter.
Would You Like to Play the Blues with Me? (*****) un blues pour débuter les face B , même si il est très bien exécuté ce morceau est pour moi le moins poignant de l'album.
Alexander Skryabin's Raga-Time Band (******) il n'y a de raga que les tablas sur ce morceau tout en tension ,un grand voyage à la fois beau et inquiétant dans une autre dimension; superbe.
Aria and Blues in G (******) quelle classe! une flûte rappel l'univers doux et envoutant de Stefan Micus (ECM/JAPO), le morceau évolue et grossit a mesure de mon enthousiasme...merde c'est déjà la fin!

CONCLUSION

Pour commencer MERCI à toi MR.O pour m'avoir mis la puce à l'oreille ,ne pas posséder ce disque m'aurait été insssssuportable!
Aux antipodes des Années 80, pendant que AHA , Duran Duran et antres Van-Halen encrassaient les oreilles du peuple ,pendant que j'écoutait Purple rain de Prince (j'assume toujours!) il y avait Jan Wallgren derrière son piano qui nous pondait ce fabuleux album! une classe intemporelle 6/6.

A ECOUTER

Rena Rama - jazz in Sverige (caprice 1973)

jeudi 13 mai 2010

DR.KNOCK - SAME

Dr. knock

Dr Knock - drth

DR.KNOCK - same (chief inspector 2003) (France)
Leur unique album pour le moment.

LES ZICOS

Xavier Bornens (trompette,bugle)
Olivier Py (saxo tenor et soprano)
Manu Codjia (guitare)
Matthieu Jerôme (fender rhodes)
Jean-Philippe Morel (contrebasse et arrangements)
Philippe Gleizes (batterie)

LA CRITIQUE DE MR.V

01 drth (4.00) (******)
02 sans relâche, jamais tranquille part 1 (5.17) (******)
03 sans relâche, jamais tranquille part 2 (9.34) (******)
04 stravink sky or piszt part 1 (6.32) (******)
05 stravink sky or piszt part 2 (8.49) (******)
06 stravink sky or piszt part 3 (4.19) (******)
07 guernica (13.38) (contrebasse mortelle) (******)
08 Mr.Tom (11.24) (******)
09 Etrange tourbillon part 1 (10.21) (******)
10 Etrange tourbillon part 2 (3.56) (******)

J'ai vu ces lascars le 25 aout 2006 au festival de Malguenac (non loin de Pontivy dans le Morbihan),et quel souvenir!! Une première partie de Soft machine, une soirée grandiose.

Après ce concert fantastique j'ai foncé au stand "marchandising"pour chopper la galette du Dr.knock et débuter ma collection "chief inspector"! ouf y en a ,je paye ,il est a moi! en espérant que la magie du concert est été captée dans ce petit bout de plastique insipide qu'est le CD.

Donc critique difficile car chaque morceau est imbriqué dans le suivant et lui donne le pas et celui-ci reçois lui même le coup de pied au derrière de tous les précédents !!
Donc critique globale!

Tous les zicos assurent grave et l'album s'écoute et s'impose comme un concert venu à vous par le plus grand des hasards et vous laisse la bouche ouverte et les yeux pétillants!
Il y a de la rigueur et de la folie Zappienne! Merci Mr.Inspector vous êtes le chef moi j'deviens tout Knock.

CONCLUSION

Est-il besoin de préciser le 6/6 bien mérité!

A ECOUTER AUSSI

Octurn - 21 emanations (yolk 2006)
Médéric Collignon jus de bocse - shagri tunkashi-la (plus loin music 2010)
Andy Emler megaoctet - crouch ,touch , engage (naïve 2009)
Kristian Schultze set - recreation (tempo 1972)
Frank Zappa & th Mothers - le grand wazoo (reprise 1972)

LA CRITIQUE DE MONSIEUR O.

Cet album est pour moi une vraie découverte, ne connaissant - et encore, très superficiellement - que l'excellent Manu Codjia pour ses collaborations avec Erik Truffaz. En tout cas, quoi de mieux qu'un titre comme Etrange tourbillon pour mériter sa place sur Golga in a Swirl ?

D'entrée de jeu, drth pose l'album dans un climat - constant dans tout le disque - de virtuosité électrique et débridée. Le Docteur Knock de Jules Romains est bien présent, avec son côté expérimental, mais aussi loufoque et outrancier. Il fallait oser ! Mélanger une guitare électrique à l'expressivité noisy à la Marc Ducret avec une batterie aux affinités hardos (Sans relâche, jamais tranquille Part I), et des cuivres tonitruants que ne renieraient pas Fishbone et leur métal/funk (Sans relâche Part II). De manière générale, les musiciens se course-poursuitent de manière très cinématographique (Bullitt !!!) et se poussent mutuellement à tous les excès et toutes les audaces (l'intro de Guernica).

On trouvera des tas de clins d'oeil, intentionnels ou peut-être pas (Mr Tom et ses montées de cuivres-adrénaline comme dans un vieux film à suspense, par exemple), et c'est aussi une particularité de ce disque, qui pour se décrypter force l'auditeur à se projeter sans retenue, et lui présente en quelque sorte un miroir pour se contempler. Ce qui correspond tout à fait à ce qu'Oscar Wilde écrivait dans sa préface au Portrait de Dorian Gray : "all art is at once surface and symbol. Those who go beneath the surface do so at their peril." (hum, hum...) Difficile en effet de décrire ce disque autrement que part les images qu'il va pouvoir évoquer chez chacun.

A titre d'exemple, je vois bien Stravin Sky or Pizst se déroulant dans une ménagerie de cirque, entre chimpanzés neurasthéniques et onanistes compulsifs, et volatiles fébriles et plaintifs. Toute cette arche de Noé un peu moisie s'ennuie ferme, jusqu'à ce que le gardien sadique se mette à frapper contre les barreaux des cages. Un vieux tigre pelé et vaguement arthritique sort alors de sa torpeur, et réveille ses camarades qui se mettent à hurler, crier, gratter des griffes sur le sol en ciment, en tirant des langues gonflées et en roulant des yeux fous et injectés de sang. Le cirque se met alors en branle, rythmé par une fanfare désarticulée et franchement déglingos. Puis tout s'accélère, et on voit un John Coltrane complètement à côté de ses pompes de géant, en plein trip éthylique, parcourant l'Europe de l'est à fond la caisse à bord d'un Blue Train au bord du déraillement et dont on entend les pistons, funèbres et menaçants à vous glacer le sang, l'estomac à deux doigts de crier grâce... Finalement, le train entre en gare de Cintré-les-Deux-Neurones et ralentit sa course. Dans les cages, on ne sait plus qui a des plumes, qui a des poils. Le croco a des ailes et... les poules ont des dents !!!

Au final, c'est un disque exigeant et turbulent - épuisant, même ! : on est toujours en alerte, et quand Mr Tom devient romantique à la trompette devant une petite comptine au piano électrique, on en reste pas moins méfiant, aux aguets, sans relâche, jamais tranquille. Mais c'est aussi un disque très gratifiant - complètement barré, OK, mais pourtant parfaitement maîtrisé - et il serait vraiment dommage de ne pas jouer le jeu. Un disque franchement freudien, en fait. C'est grave, docteur... Knock ?

Ce sera un 6/6 parce que c'est un très bon disque, mais aussi parce qu'on ne juge pas les fous...
A regretter quand même le son des cymbales (qui seront à changer impérativement sitôt l'album enregistré !), vraiment trop scintillant à mon goût.

PS : mea culpa pour la pause imposée dans nos critiques, conséquence directe d'un surmenage inhumain d'ordre professionnel, mais Docteur Knock est passé par là, et Golga va reprendre de plus belle, soyez-en sûrs !

dimanche 9 mai 2010

PENTANGLE - CRUEL SISTER














Pentangle - Lord Franklin

Pentangle - Cruel Sister, Transatlantic, 1970

LE GROUPE :

Jacqui McShee - Voix
Bert Jansch - Guitare, dulcimer, voix
John Renbourn - Guitare, sitar, voix
Danny Thomson - Contrebasse
Terry Cox - Batterie, tambourine, dulcitone, triangle, et autres percussions

LA CRITIQUE DE MONSIEUR O.

Pentangle, fondé en 1967 en Angleterre, rassemble d'excellents instrumentistes aux inspirations variées (folk, musique médiévale, blues, jazz, musique indienne, etc.). Bien que le groupe se soit cantonné à une interprétation strictement acoustique jusqu'alors, Cruel Sister, leur quatrième album, ne dédaigne pas d'utiliser la fée électricité pour notre plus grand enchantement, comme leurs contemporains de Fairport Convention. L'ensemble garde tout de même ce son acoustique comme parfum dominant, dans la droite ligne de ce qu'on a pu appeler "folk baroque". Dans sa configuration originale, Pentangle s'est dissout en 1973, après leur sixième opus Solomon's Seal ; le groupe a tout de même perduré au-delà de cette rupture, et leur dernier disque en date, Feoffee's Land, date de 2005, avec Jacqui McShee en unique rescapée de l'épopée. Bien qu'ils aient atteint une bonne popularité avec Basket of Light (Transatlantic, 1969), Cruel Sister, un de leurs meilleurs albums - mais je ne connais que les disques d'avant le split - a été un désastre commercial. On n'y trouve que des reprises d'airs traditionnels arrangés par le groupe. Les paroles y jouent un rôle prépondérant, car elles racontent à chaque fois une histoire, comme c'était souvent le cas autrefois.

FACE A
A1. A Maid That's Deep in Love
A2. When I Was in My Prime
A3. Lord Franklin
A4. Cruel Sister
FACE B
B1. Jack Orion

A Maid That's Deep in Love conte l'histoire d'une jeune fille qui pour suivre l'élu de son coeur aux Amériques se déguise en homme et s'embarque sur un navire. A bord, le capitaine tombe fou amoureux de lui/elle. Un peu ambigu et troublant, tout ça... Les guitares des deux compères Jansch et Renbourn se marient au poil, et la voix de McShee est superbe avec son vibrato et ses envolées légères et ouvragées comme des enluminures médiévales. La guitare électrique de Renbourn, légèrement distordue, déroule son propre récit parallèle tout au long du morceau. (******)

When I Was in My Prime nous prouve l'importance donnée par le groupe aux paroles, car il s'agit d'un morceau interprété uniquement a capella par McShee. Pendant près de trois minutes, elle se lamente sur une déception amoureuse, et repousse les avances de ce relou de jardinier qui lui apporte fleur après fleur avec, on s'en doute, des ambitions peu honorables pour la belle. Le choix de la voix seule est une bonne idée, et sert les paroles en évoquant le dépouillement des sentiments de la narratrice, et la solitude qu'elle éprouve. Une belle performance dont McShee s'acquitte avec une sobriété louable qui est un gage de l'honnêteté et de la force d'un récit à prendre au premier degré, tout simplement. (******)

Lord Franklin est une ballade sur le thème traditionnel du drame maritime. Chantée par John Renbourn, la narration semble pourtant être le fait d'une femme éprise de Franklin et qui pleure la disparition du même, apprend-on, dans les glaces arctiques en recherchant le passage du nord-ouest avec son équipage. La voix est douce et confidentielle, et le concertina (une sorte de bandonéon) joué par Jansch est d'une tristesse touchante et suffit par son son à évoquer une complainte de marin. Quand Jacqui McShee se lance dans un contre-chant, c'est une sirène qui sort des eaux glacées pour psalmodier sa douleur. Le solo de guitare électrique mime à la perfection un violon. A pleurer ! (******)

Cruel Sister (******) est, comme son nom le laisse supposer, l'histoire d'une jeune fille fratricide qui précipite sa soeur du haut d'une falaise. La victime reviendra sous une autre forme pour reprocher à la meurtrière son forfait. Jacqui McShee fait là encore des miracles et est soutenue avec bonheur aux choeurs par Renbourn. Terry Cox est subtil et merveilleux au dulcitone, le sitar n'est ni gadgetisé, ni irritant, et souligne par ses intonations le mysticisme et le côté tordu de l'histoire. Trop fort ! Une autre ! Une autre ! Une autre !

Jack Orion est le meilleur violoniste que la terre ait jamais porté. La fille du roi en tombe éperdument amoureuse, mais une sombre machination ourdie par Tom le page (un individu peu recommandable de toute évidence) met en pièces une si belle idylle et l'histoire se termine avec trois morts au compteur. La chanson, chantée alternativement par Jansch et Jacqui McShee, occupe toute la face B du disque, et Pentangle s'en donne à coeur joie : canons vocaux, roulements de batterie, breaks, flûtiau, etc. Au moment où le vil Tom (quel sombre fumier, celui-là ! je n'en reviens toujours pas !) se prépare à son mauvais tour, le rythme change, Thomson se met à l'archet, et l'ambiance devient vraiment plus noire, voire mortuaire, une fois l'irréparable commis. Puis, avant de nous dévoiler le fin mot de l'histoire, Terry Cox se lance avec une délectation tangible dans un long solo au dulcitone, sur lequel enchérit Renbourn à la guitare électrique, d'abord dans un style bluesy/jazzy, puis carrément sous disto cradingue. Le chant reprend, et la fin, dramatique à souhait mais que je dévoilerai pas ici, n'insistez pas, vaut son pesant de cacahuètes grillées à sec. Ce morceau a déjà été joué par Jansch/Renbourn à l'époque où ils sévissaient encore en duo sur l'album... Jack Orion (Transatlantic, 1966), et a été joué également par Fairport Convention dans Tipplers' Tales (Vertigo, 1978). ******

CONCLUSION :

Oyez ! Oyez ! Comment résister à ce merveilleux album, qui allie intelligence de jeu et d'arrangements, et rivalise de bon goût dans l'interprétation ? L'ensemble est homogène sans être lassant, et au contraire d'autres albums du groupe, ne se lance pas dans des expérimentations musicales un peu douteuses. Un must-have qui vaut 6/6, et celui qui dira le contraire finira comme Tom, l'infâme page de Jack Orion.

A écouter aussi :

Pentangle - The Pentangle, Transatlantic, 1968
Pentangle - Sweet Child, Transatlantic, 1968
Pentangle - Basket of Light, Transatlantic, 1969
Pentangle - Reflection, Transatlantic, 1971
Pentangle - Solomon's Seal, Transatlantic, 1792
John Renbourn - Faro Annie, Transatlantic, 1971
Fairport Convention - Liege and Lief, Island, 1969
Fairport Convention - Fairport Live Convention, Island, 1974
Fotheringay - S/T, Island, 1970

LA CRITIQUE TANT ATTENDUE DE MR.V

A Maid That's Deep in Love (******) oh que de souvenirs! ce morceau d'une grande douceur ravira sans difficulté tous les petits coeurs de babas.
Des entrelacs de guitares électrique de Renbourn et acoustique de Jansch ,une des plus magnifiques voix que le folk est connue ,une rythmique soutenue et efficace an triangle ,une contrebasse de rêve : bref ,encore un morceau hautement recommandé.

When I Was in My Prime (******) seule et superbe ,sans artifice (quant Jacqui prend sa douche! sans déconner , tout le monde écoute à la porte c'est certain!)

Lord Franklin (*****) titre chanté par l'ami John avec un beau solo guitare quasi psyché .

Cruel Sister (******) classique des classique ,un titre immortel .

Jack Orion (******) que dire , c'est indispensable voilà tout! en plus je crois que sur toute la discographie de John Renbourn c'est le seul morceau avec un solo disto alors rien que pour ça courez acheter ce monument de  folk music.

CONCLUSION

C'est un immence 6/6 et celui qui dira le contraire devra bouffer les babouches de Mr.O!

A ECOUTER AUSSI

Traffic - John Barleycorn must die (island 1970)
John Renbourn group - a maid in bedlam (transatlantic 1977)
John Renbourn - the lady & the unicorn ( transatlantic 1970)
Trees - the garden of Jane Delawney (CBS 1970)
Lisa O Piu - when this was the future (subliminal sounds 2008)


samedi 8 mai 2010

NATALIE MERCHANT - THE HOUSE CARPENTER'S DAUGHTER















Natalie Merchant - Poor Wayfaring Stranger
Natalie Merchant - the house Carpenter's daughter (myth america records 2003)


(Née en 1963 à New-York)

ZICOS

Natalie Merchant (voix)
Erik Della Penna (guitare ,lap steel)
Graham Maby (basse)
Richie Stearns (banjo)
Judy Hyman (violon)
Elizabeth Steen (piano ,orgue et accordéon)
Allison Miller (batterie)
The Menfolk (choeur)

CRITIQUE DE MR.V

Comme l'extension du titre l'indique il s'agit d'une "collection of traditional & contemporary folk music".
On est très loin du rock des années 80 avec son groupe "10 000 maniacs" ici l' ambiance est plus ...champêtre; et de sa jolie voix grave Natalie pousse les portes battantes du saloon , le groupe d'orpailleurs Irlandais poussiéreux sont là dans l'fond ,près à en découdre avec la belle!
Le livret est fourni comme il faut et explique brièvement le thème de chaque chanson et les impressions de l'artiste qui nous intéresse.
C'est son 5eme album solo et son meilleur à mon goût.

Sally ann (*****) Voici une reprise du groupe Horseflies , une jolie ballade.
Wiich side are you on? (*****) un beau morceau contant l'histoire d'un mineur
Crazy man Michael (******) une reprise de Fairport convention (Liege lief 1969) ,une réussite qui dépasse l'originale!
Diver boy (******) fantastique morceau , une belle histoire dramatique soutenue par une bonne musique entêtante.
Weeping pilgrim (*****) petite jolie ballade agréable.
Soldier,soldier (****) le titre sonne un peu plus rock , comme dans un film de Rodriguez.
Bury me under the weeping willow (*****) retour au saloon avec ce titre de la Carter Family
House carpenter (******) morceau de Annie Watson (la maman du vieux Doc!)
Owensboro (*****) super ballade trad.
Down on Pemmy's farm (*****) morceau joyeux et dansant , attention on change de partenaire!
Poor wayfaring stranger (******) une des plus belles reprises de ce fantastique morceau ( avec celle de Papa M sur l'album "Whatever mortal" drag city 2001)

CONCLUSION

C'est un bon 6/6 bien évidement.

A ECOUTER AUSSI

-Papa M - whatever mortal (drag city 2001) un album magnifique et indispensable! le meilleur de l'année 2001!
-Natalie Merchant - motherland (electra 2001)
-Jerry Garcia & David Grisman - shady grove (acoustic disc 1996)


LA CRITIQUE DE MONSIEUR O.

Ah, Golga, mon frère et ami, te revoilà enfin, dans une veine assez folk (voir aussi la prochaine critique), avec Natalie Merchant - ex-10,000 Maniacs. Un album qui devrait fleurer bon le Sud, les sycomores et le poisson-chat. Cela vaut bien de prendre son temps et de décortiquer The House Carpenter's Daughter morceau par morceau. J'aime, un peu, beaucoup...

Sally Ann s'ouvre comme un morceau de country/ballade irlandaise dramatique, à grands renforts de violons gémissants sur un tempo assez pesant. On imagine sans peine un rade de Dublin avant la fermeture, alors que la moitié des habitués, avachis sur leur table, cuvent déjà leur whisky frelaté ou s'absorbent dans la contemplation hébétée du fond de leur verre, tandis que quelques téméraires esquissent un vague pas de danse hésitant et vite avorté. On ne rit pas avec cette ballade dépressive, qu'une steel plaintive parvient à assombrir encore s'il en était besoin. Entre deux couplets à se pendre, notre bande de crincrins braillards remet le couvert avec une fausse joie qui crève le coeur. Voilà une façon osée de débuter un album... (*****)

Le début de Which Side Are You On est un bon exemple d'Americana moderne, avec guitare et banjo sombres et songeurs, comme on en trouvera des tonnes chez Matt Bauer, par exemple. L'intérêt de cette compo, dont la mélodie ne justifie absolument pas qu'on se mette en tête d'amputer un canard de trois de ses membres inférieurs, est l'évolution dans l'intensité de l'interprétation, avec des instruments qui entrent et sortent, et une voix qui se muscle ou se relâche au fil de l'histoire. (****)

La belle Natalie enchaîne avec une version de Crazy Man Michael plus lente que l'interprétation de Fairport Convention, et moins celtique. Le violon est décidément toujours le bienvenu sur ce disque, en apportant un vrai lyrisme et beaucoup de couleurs à une interprétation qui pourrait assez souvent paraître sèche. En effet, Merchant possède une très belle voix, mais qui peine à rivaliser avec Sandy Denny en terme d'émotion. (*****)

Diver Boy. Un morceau un assez oppressant soutenu par une sorte de bourdon au violon. La mélodie est tout ce qui a de plus classique dans le rayon folk/trad, mais la guitare tour à tour jazzy et dissonante (ce qui n'est d'ailleurs pas du tout incompatible comme chacun sait) apporte un vrai supplément d'âme, et sort la chanson du lot. (******)

Weeping Pilgrim est une ballade de facture classique, touchante et dépouillée. Un banjo grêle, une guitare sèche, une voix lead et des choeurs feutrés suffisent amplement à mettre en scène cette histoire de quête aux accents bibliques. Là encore, Judy Hyman ravit avec son violon soyeux. Le Gospel n'est pas loin, la larmichette non plus. (******)

Soldier, Soldier. Un blues shuffle appuyé par une guitare disto qui vaut pour son côté entêtant. Un peu plan-plan quand même, et le choeur masculin ne met pas en valeur la voix de Merchant, qui semble alors bien criarde. Pas désagréable, mais un peu vain. (***)

Bury Me Under the Weeping Willow sent un peu l'exercice de style : c'est un morceau de bluegrass typique, qui développe toutes les caractéristiques du genre, du picking de banjo aux choeurs, sans oublier le plan de fin. Comme souvent dans ce type de chanson, et je n'ai jamais vraiment compris pourquoi, l'atmosphère est bien joyeuse et dansante au vu du titre. Même si l'ensemble ne brille pas particulièrement, l'essai est réussi... (*****)

House Carpenter. Le banjo, à l'honneur sur ce morceau, y révèle son extraordinaire potentiel mélancolique. L'intensité monte de manière naturelle au cours de la chanson, et le violon trouve sa place habituelle avec brio. Un bon morceau, bien que la voix de Merchant se montre parfois un peu irritante, car trop acide. (*****)

Owensboro est une ballade country assez jolie, bien qu'un peu FM et limite-beauf US, sur laquelle on pourra emballer la grosse Linda sur la piste de danse d'un bar miteux du Midwest, un samedi soir désenchanté et éthylique. Par contre, les paroles sont complètement connes : en caricaturant de manière assez indigente et lamentable la vie dans un bled du Sud, Merchant fait franchement douter de l'honnêteté de ses intentions et crée comme un malaise. (****)

Down on Penny's Farm. Un morceau trad bien enlevé et exécuté dans les formes, avec un finish banjo/violon assez héroïque et contagieux. (******)

Poor Wayfaring Stranger (******). Un air traditionnel qui rappelle les "hobo songs" et nous emmène sur les routes poussiéreuses, un baluchon sur l'épaule. Les paroles développent les thèmes de révélation personnelle, de rédemption et de confiance absolue en Dieu caractéristiques des chants religieux des esclaves noirs tels que les décrivent Allen, Ware et Garrison dans Slave Songs of the United States (New York: A Simpson & Co., 1867).

CONCLUSION:

Un bon album de folk/trad qui se présente malgré tout un peu trop comme un catalogue de styles "à l'ancienne" - avec un peu de blues, un peu de bluegrass, un peu de Old Time, un peu de celtique - pour être tout à fait honnête, impression renforcée par un léger manque de sueur et de cambouis. Du bouseux "bio", en quelque sorte... De plus, si les musiciens brillent par leur sobriété et la pertinence de leurs interventions, Natalie Merchant manque parfois de conviction dans son interprétation, ce qui rend certains passages assez plats et un peu énervants. C'est quand même un disque bien ficelé qui emportera sur les routes ses 5/6 bien au chaud dans sa musette.