Peinture par Lénaïg

BIENVENUE SUR GOLGA IN A SWIRL

Ce blog, initié par Messieurs V. et O. a pour objet de se pencher plus particulièrement sur des albums que nous possédons, soit en CD, soit en vinyl, et d'en proposer une critique chacun.

Comme nous espérons faire naître - ou renforcer - chez nos visiteurs un intérêt pour les artistes que nous aimons, et non servir de plateforme de téléchargement gratuit, les albums qui font l'objet de nos critiques ne sont pas téléchargeables dans leur intégralité. Un seul morceau est publié pour mettre en appétit...

Les playlists de M. V., ainsi que les morceaux de la semaine de M. O. sont disponibles pour une durée de 1 mois seulement.

Tout ceci est sans prétention, et notre but est de nous faire plaisir, mais si vous croisez notre route, n'hésitez pas à laisser un commentaire, c'est toujours agréable.

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lundi 15 février 2010

ETHNIC HERITAGE ENSEMBLE - THREE GENTLEMEN FROM CHIKAGO














Ethnic Heritage Ensemble - The Seeker

Moers Music, 1981

Kahil El'Zabar - percussions
Edward Wilkerson - Sax alto et tenor, flûte, clarinette
"Light" Henry Huff - Sax Alto, tenor et baryton, clarinette basse

FACE A
A1. The Seeker - 11:01
B2. A Serious Pun - 9:40
FACE B
B1. Moving of Seasons - 9:55
B2. Brother Malcolm - 11:00

LA CRITIQUE DE MONSIEUR O !!! (roulements de tambours...)

Premier opus de Ethnic Heritage Ensemble, qui sévit toujours aujourd'hui, avec une douzaine d'albums à son actif sur différents labels, j'ai acheté ce vinyl sur les conseils du vendeur à une foire aux disques, intrigué par la composition atypique du groupe, ainsi que par leur nom qui fleure bon les communautés éducatives musicales et/ou militantes des quartiers noirs des années 70 (cf. Har-You Percussion Group, le Artistic Heritage Ensemble de Philip Cohran, le Pan-Afrikan Peoples Arkestra de Horace Tapscott, etc.). Le "K" de Chikago, le titre de la dernière piste (Brother Malcolm) et le nom africanisant de Kahil El'Zabar suggérant également le Black Power. Voici donc un bon disque de free jazz modal afrocentrique sur le label allemand Moers Music, où les percussions ont le beau rôle.

The Seeker (******) est une pièce superbement aérée et hypnotique, rythmée par un ostinato très africain au sanza (piano à pouces). Son superbe et envoûtant, onirique. Le thème est exposé avec un soprano écorché au son justement assez ethnique, mais aussi Coltranien, avec beaucoup de grain, tandis qu'en toile de fond, un tissu évocateur de percussions et flûte pose un décor de brousse au lever du soleil. Après quelques circonvolutions du plus bel effet, le saxophone se fait plus doux, et enchaîne de très belles phrases, comme des petites comptines avant d'évoluer à nouveau. On ne s'ennuie jamais, tout ceci est joué avec beaucoup de goût et d'expressivité. Puis doucement monte un petit motif entêtant à l'espièglerie enfantine joué par l'autre sax qui force son camarade à poser de belles nappes contemplatives. Le morceau s'enfuit enfin sur le sanza seul, dans le silence retrouvé.
"Mais tu es fou, monsieur O, que t'arrive-t-il ?" "Aaargh, bon sang !!! Si je pouvais donner 7 étoiles... ou même DIX !!!"

A Serious Pun (****) est comme son nom peut l'indiquer, une facétie à la Mingus (mais sans basse !), avec là aussi des saxophones enjoués et très humains, qui se chamaillent sur une nouvelle toile de percussions fourmillantes tressée par Kahil El'Zabar. C'est clairement l'expressivité qui est visée ici, et non la mélodie, mais l'énergie qui se dégage de l'ensemble est contagieuse. A déconseiller tout de même à ceux que les dissonances frénétiques rendent épileptiques...

Dès l'entrée, Moving of Seasons (******) pose comme dans The Seeker un motif qui sera le fil d'Ariane de tout le morceau. Wilkerson met beaucoup d'air dans son jeu, et le mariage boisé des deux clarinettes est fantastique. Gong, cymbales et autres percussions métalliques viennent ponctuer le tout avec beaucoup de mysticisme alors que les deux clarinettes batifolent dans des méandres sonores parfois peu orthodoxes. Je suis même certain d'avoir entendu un bref clin d'oeil à Take Five (?!!!?). Le leitmotiv reprend, mais accentué différemment, transformé, assagi, alors qu'une flûte se mêle à la partie. Tout le monde finit ensemble dans un même souffle.

Brother Malcolm (*****), la dernière plage est là encore articulée autour d'un motif commun martelé au tambour et aux saxophones à l'unisson, sur lequel se pose les solos de sax. L'ambiance ici est toutefois plus conquérante. Le tenor avoue son héritage coltranien avec même une courte phrase carrément empruntée au Love Supreme du maître. Au bout de sept minutes de la même eau, le percussionniste se révolte et nous gratifie d'un passage survitaminé au tambour. Les deux comparses aux anches reviennent alors à l'attaque avec le motif principal, joué bien mordant, bien staccato, et cédant enfin la place aux voix qui scandent sur le même air le mantra "Brother Malcolm", dans la plus pure veine du jazz noir militant.

CONCLUSION (6/6)

L'album n'est pas tout à fait parfait, notamment à cause du côté répétitif des procédés employés d'un morceau à l'autre (la répétition, justement), mais Ethnic Heritage Ensemble exprime avec Three Gentlemen une vraie diversité d'émotions, et une sorte d'album total, où chacun s'engage à 100%, un peu comme ce que disait Elvin Jones à propos de Coltrane : "You gotta be willin' to die with the motherfucker", ici dans un registre moins épique, ceci dit...
Quoi qu'il en soit, une des qualités de Ethnic Heritage Ensemble est qu'il ne trompe pas sur la marchandise : ici, on joue vraiment ensemble, avec une grande disponibilité et beaucoup d'ouverture d'esprit et de liberté, qualité facilitée il est vrai par le petit format du groupe et l'absence de base rythmique basse/batterie. Cette philosophie est soulignée par la très belle idée de faire s'achever l'album sur des voix, comme un prolongement et un point d'orgue à ce que tout le disque n'a cessé de mettre en évidence : la palette des mille nuances de sensations et sentiments que les instruments peuvent exprimer. Un disque d'un humanisme jusqu'au-boutiste, en somme... (hum... hum...)
D'ailleurs, je viens de me rendre compte que je n'ai même pas parlé de la technique des musiciens. Si c'est pas un signe, ça...

A écouter aussi :

Je n'ai pas encore tenté d'autres albums de ce groupe qui est, j'avoue, une découverte récente, mais notre aimable lecteur pourra écouter avec profit :

Old and New Dreams - Old and New Dreams, ECM, 1979, ECM1154
Old and New Dreams - Playing, ECM, 1981
, ECM1-1205
Kuumba/Toudie Heath - Kawaida, Trip Jazz, 1969, TLP-5032


CRITIQUE DE MR.V

J'étais là quand cette petite crapule de Monsieur O s'est offert cette petite pépite d'african-jazz !
Jalousie? non je suis bien content de voire que la Musique continue d'exister à travers quelques oreilles affutées jamais rassasiées de découvertes.

"the seeker" titre épuré, sans trucage et simplement beau.
"a serious pun" attention vous allez entrer dans la ruche! et les abeilles sont énervées , normal il y a des frelons qui veulent squater! diable prends garde à leur dare ! moi j'm'en fou j'suis vacciné depuis l'temps!
"moving of season" à écouter seul dans un désert face au soleil rouge avant de devenir fou!
"brother Malcolm" la black panther rode "fière de sa négritude", son rythme cardiaque s'accélère à mesure que le morceau avance, puis se calme et s'éteint dans un dernier souffle "brother Malcolm".

CONCLUSION

Rangez votre Biactol car l'AACM n'est pas une maladie de peau!
Un beau disque pour les habitués du genre, les autres passerons leur chemin en se bouchant les oreilles!

"the seeker"(*****)
"a serious pun" (****)
"moving of season" (****)
"brother Malcolm" (*****)

Donc c'est un 5/6


A écouter :

Art ensemble of chicago - go home (1970)
Pharoah Sanders - village of the Phaorahs (1973)

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