Peinture par Lénaïg

BIENVENUE SUR GOLGA IN A SWIRL

Ce blog, initié par Messieurs V. et O. a pour objet de se pencher plus particulièrement sur des albums que nous possédons, soit en CD, soit en vinyl, et d'en proposer une critique chacun.

Comme nous espérons faire naître - ou renforcer - chez nos visiteurs un intérêt pour les artistes que nous aimons, et non servir de plateforme de téléchargement gratuit, les albums qui font l'objet de nos critiques ne sont pas téléchargeables dans leur intégralité. Un seul morceau est publié pour mettre en appétit...

Les playlists de M. V., ainsi que les morceaux de la semaine de M. O. sont disponibles pour une durée de 1 mois seulement.

Tout ceci est sans prétention, et notre but est de nous faire plaisir, mais si vous croisez notre route, n'hésitez pas à laisser un commentaire, c'est toujours agréable.

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mercredi 1 septembre 2010

EGBA - EGBA














Egba - Mogubgub
Egba - Egba, Sonet Grammofon AB, 1974

De mes pérégrinations suédoises, j'ai eu le plaisir de ramener quelques pépites, dont celle-ci, que j'avais cherchée en dilettante ces derniers mois sur internet, sans succès. Comme on peut s'en douter, il s'agit du premier disque de ce groupe estampillé jazz-rock (on pourra reparler du qualificatif). C'est aussi le plus rare, et aussi le plus cher, même si on n'atteint pas des sommets dans un cas comme dans l'autre. Soyons honnêtes, Egba n'aurait probablement pas attiré mon attention de prime abord, malgré une jaquette sympa (mais on ne compte plus les pochettes représentant un masque africain, du Africa de Randy Weston au Soul of Africa de Jeff Gilson et Hal Singer, sans oublier African Voodoo de Manu Dibango) si n'était la présence aux claviers de Harald Svensson, pianiste/organiste de l'excellentissime Eje Thelin Group (voir la critique de leur premier album) et du trio Råberg/Svensson/Lowe (Tractus, Amigo, 1976). Pour le reste des musiciens, à part la participation du saxophoniste Ulf Andersson au premier album d'Abba, rien de saillant à rapporter, chacun ayant fait valoir l'excellence de ses disposition musicales dans des contextes exclusivement suédois et plus ou moins confidentiels. Côté tabloïds, le percussionniste Ahmadu Jarr se trouve être le père de la célèbre chanteuse suédoise Neneh Cherry.

En tout cas, le climat libérateur des seventies touchant le monde du jazz, des musiciens d'horizons différents on pu alors enfin jouer ensemble dans des formats compatibles et écumer tant les boîtes de jazz que les salles rock. En Suède, Egba fait figure de chef de file de ce mouvement baptisé à la hâte jazz-rock ou encore fusion, ce qui dans le cas présent me paraît plus adapté. Chaque musicien poursuit ses projets personnels, et se rassemble de temps en temps pour un petit album (dix disques, dont un live, entre 1974 et 2004, les derniers portant des noms aussi peu encourageants que Electrobop (1985), ou Electronic Groove & Beat Academy (1989)). Ca se passe comme ça, chez Egba !

Les musiciens fondateurs sont donc :

Ulf Adåker - Trompette, bugle
Ulf Andersson - Saxophone, flûte
Jan Tolf - Guitare
Harald Svensson - Piano, piano électrique
Stefan Brolund - Basses
Claes Wang - Batterie
Ahmadu Jarr - Congas, percussions

La tracklist :

A1 - Gröna Moln (Jan Tolf)
A2 - Mogubgub (Jan Tolf)
B1 - The Black and the White (Harald Svensson)
B2 - Lisa Sover (Jan Tolf)
B3 - Gbinti (Ahmadu Jarr)
B4 - Cirrus (Jan Tolf)
B5 - Capsilon (Claes Wang)

LA CRITIQUE DE MONSIEUR O.

Le premier album d'Egba se caractérise avant tout, outre une production très soignée sans être trop froide et des compos très écrites, par l'importance accordée au(x) rythme(s). Bien sûr, l'exemple le plus frappant est le morceau Gbinti (du nom du lieu d'origine de son compositeur sierra-léonais Ahmadu Jarr), chant responsorial africain très roots qui fait la part belle aux percussions (d'où peut-être la pochette et le nom - les Egba étant une ethnie yoruba de l'ouest du Nigéria dont faisait partie Fela), et qu'on aurait tort de considérer comme une aventure à part dans le disque, car ce serait oublier les audaces de composition (cassures sur Gröne Moln), l'esprit funk (Mogubgub - Fred ?) parfaitement illustré par la main gauche syncopée de Svensson, et de manière générale la place laissée aux effets percussifs (parfois magnifiés, voire exagérés, comme sur Lisa Sover). Ce souci d'une approche rythmique se retrouve aussi dans l'improvisation au saxophone tout d'abord, dont les chorus multiplient les points d'entrée vers des motifs mélodiques très simples (Mogubgub, et surtout Capsilon, morceau de danse d'inspiration caribéenne ou ouest-africaine dans lequel l'impro tourne autour de la même phrase, tour à tour décalée, bousculée, amputée ou augmentée). L'approche modale utilisée permet donc ces déconstructions, ainsi que le travail sur l'intensité (montées multi-orgasmiques sur Mogubgub, et sonorité très granuleuse sur Capsilon). La guitare électrique va dans le même sens, avançant par secousses sur The Black... au lieu de privilégier une progression mélodique.
Seule exception, notoire, le cas Svensson dont l'assurance dans les chorus, la cohérence et la clairvoyance dans le développement des idées frappent l'esprit (cf. surtout The Black and the White). On se demande même si ce n'est pas écrit.

Du point de vue des ambiances visitées, si on excepte la guitare de Jan Tolf qui se pare volontiers d'une disto toute rock et de tremolos hardos (Mogubgub), il serait plus juste de parler ici de fusion entre un esprit résolument jazz, dans les structures tant que dans l'approche des impros, et une ribambelle d'influences qui nous font voyager de continent en continent. Gröna Moln lorgne du côté du Brésil avec son rythme latin et la douce saveur de la flûte, alors que The Black..., seule compo de Svensson fait dans le trad à consonance médiévale. De même, si Mogubgub vient des USA, Gbinti et Capsilon sont bien africaines. Par contre, Lisa Sover (Lisa dort) nous offre une ballade inquiétante en terre inconnue, où le paysage défile entre cauchemar et rêve et où les arrangements aux vents se lisent comme un courant de conscience éclairé par les nombreuses apparitions sonores - bruitages et autres cris - dont il est fait un traitement très expressionniste. Cirrus, clair , frais et effilé comme son nom l'indique est agréable et très peu typé, mais ne restera pas comme le meilleur moment de l'album.

CONCLUSION

Voici un disque polymorphe qui donne une grande impression de maîtrise, bien que la fusion soit en général associée à un sentiment de liberté souvent anarchique, tant dans la production, l'écriture que dans l'interprétation pure. A ce titre, le disque est tout simplement bluffant pour un groupe aussi jeune. En outre, si certains groupes de fusion peuvent présenter un discours parfois trop intellectualisant, Egba réussit le pari de la candeur et de l'énergie avec des morceaux trapus et jamais trop démonstratifs ni chiants, et c'est peut-être en ceci qu'on peut lui reconnaître sa filiation principale avec le rock'n'roll. Un achat à ne point regretter donc, et à recommander chaudement, plutôt. 6/6

LA CRITIQUE DE MR V.

Voici donc Egba , un des groupes de jazz prog Suédois "touche à tout" puisque dans leur discographie on passe du jazz prog au latin , de la fusion au rock supermarché ! Capable du pire et heureusement du meilleur.

A1 - Gröna Moln (******) Du très bon jazz rock avec tous les ingrédient pour faire un bon gâteau. J'en reprend une part tiens!
A2 - Mogubgub (******) du funky jazz prog! cocktail explosif.
B1 - The Black and the White (******) avec ce titre on est plus dans un jazz classique mais pas vraiment, avec Egba rien n'est étiqueté par un seul mot, tout est nuancé, saupoudré d'un petit supplément qui donne à cet album un charme fou.
B2 - Lisa Sover (******) titre inquiétant et magnifique.
B3 - Gbinti (******) Et nous voilà partis du coté Africain, la pochette n'était pas choisie au hasard.
B4 -
Cirrus (******) De retour en Suède avec un son très pop bucolique pas désagréable.
B5 -
Capsilon (******) du latin free jazz bien débridé.

CONCLUSION DE MR.V.

Un premier album multi-influences plus que recommandable 6/6

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