Peinture par Lénaïg

BIENVENUE SUR GOLGA IN A SWIRL

Ce blog, initié par Messieurs V. et O. a pour objet de se pencher plus particulièrement sur des albums que nous possédons, soit en CD, soit en vinyl, et d'en proposer une critique chacun.

Comme nous espérons faire naître - ou renforcer - chez nos visiteurs un intérêt pour les artistes que nous aimons, et non servir de plateforme de téléchargement gratuit, les albums qui font l'objet de nos critiques ne sont pas téléchargeables dans leur intégralité. Un seul morceau est publié pour mettre en appétit...

Les playlists de M. V., ainsi que les morceaux de la semaine de M. O. sont disponibles pour une durée de 1 mois seulement.

Tout ceci est sans prétention, et notre but est de nous faire plaisir, mais si vous croisez notre route, n'hésitez pas à laisser un commentaire, c'est toujours agréable.

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vendredi 5 novembre 2010

EERO KOIVISTOINEN & CO - 3rd VERSION














Eero Koivistoinen & Co - 3rd Version


Eero Koivistoinen est un saxophoniste finlandais né en 1946. Après avoir tâté du bop, du blues, du... tango,  de la musique pour enfants, notre petit père décide, par l'entremise d'un ami travaillant chez RCA, d'enregistrer deux albums de fusion jazz/funk, mais deux albums différents l'un de l'autre. Cela donne Wahoo! (1972) et 3rd Version (1973), avec une équipe également différente chaque fois, si on omet le batteur Reino Laine. Koivistoinen continue son petit bonhomme de chemin, sortant un disque tous les 1-2 ans jusqu'en 2006, date de son dernier enregistrement en date. Il participe également à de nombreuses collaborations (on le retrouve par exemple en 1977 sur Jazz i Føroyum, accompagnant un groupe des îles Féroé...). 

Dans les années 2000, Wahoo! et 3rd Version deviennent cultes et sont recherchés par les collectionneurs comme par les DJs qui trouveront (surtout sur Wahoo!) nombre de drum breaks à sampler. RCA n'avait pas anticipé, car les deux albums en question étaient sortis à 600 copies, ce qui rend la traque ardue et relativement onéreuse aujourd'hui : compter de 100 à 150 euros pour un original (il y a pire, d'accord, mais quand même !). En 2001, sous une très chère licence Warner Finlande, le label anglais WhatMusic ressort Wahoo! à 2000 exemplaires, rapidement épuisés, et en 2010, mirâââcle, l'intéressant label américain Porter Records nous gratifie d'une excellente réédition de 3rd Version, avec vinyle 180 gr., mini-poster, et téléchargement gratuit. Là encore, il s'agit d'un petit pressage (500 copies), donc précipitez-vous tant qu'il y en a encore... Pour info, Luke Mosling de Porter Records a pour projet de rééditer l'an prochain Original Sin, 4ème album du même Koivistoinen, et 4+20, de Vesa-Matti Loiri (1971). 

Pour notre 3rd Version, nous avons les musiciens suivants :

Eero Koivistoinen - Saxophones soprano, sopranino et tenor
Jukka Tolonen - Guitare
Heikki Sarmanto - Fender Rhodes
Pekka Sarmanto (le frère) - Contrebasse
Craig Henderson - Batterie et percus (enceinte de gauche)
Reino Laine - Batterie et percus (enceinte de droite)

avec une pochette peinte par Risto Vihunen

LA TRACKLIST

A1 - 3rd Version (Koivistoinen) - 11:35
A2 - Near But Far Away (Koivistoinen) - 8:24

B1 - Muy Bonita Ciudad (Sarmanto) - 15:57
B2 - Latin Power (Koivistoinen) - 8:16

LA CRITIQUE DE M. O.

3rd Version est du jazz nordique dans toute sa splendeur : assez froid sous certains aspects, mais pourtant capable d'embraser l'instant ; cérébral, notamment dans la composition, léchée et opératique, structurée en mouvements, mais aussi dans le côté spirituel des chorus ; curieux, de par les références à d'autres traditions musicales et de par les expérimentations formelles (deux batteurs, même si ceux-ci se relaient plutôt dans des rôles complémentaires de batteur/percussionniste) et les variations sonores (basse à l'archet, utilisation des effets, changements d'instruments, etc.). Tout ceci avec une sobriété et une absence d'esbrouffe (et 3rd Version à ses moments de bravoure, pourtant !) assez caractéristiques.

3rd Version est le morceau le plus enlevé du disque, et en tant que première piste, représente un produit d'appel certain, avec un espace sonore ultra-saturé rythmiquement, mais aussi instrumentalement, en témoignent le Rhodes écorché et la guitare électrique grondante derrière sa wah wah (jeu de mots pourri !). Dans l'ensemble, il s'agit plutôt de jazz/rock (noter la montée fiévreuse sur le solo de Tolonen), y compris dans le point de vue adopté pour les chorus - aux antipodes des chorus ciselés et construits du bop - mais avec une évidente approche spirituelle (jeu de Koivistoinen, qui n'est pas sans rappeler le soprano de Kosuke Mine sur Morning Tide - cf critique). Notre groupe se fend même d'un sous-texte funky, avec un passage qui groove du feu de Dieu. 

Near and Far Away et Muy Bonita Ciudad bénéficient toutes deux d'intros semi-improvisées qui se glissent dans leurs thèmes respectifs avec une classe et une grâce infinies. Tout ceci est en réalité certainement plus écrit qu'il peut y paraître, et dans un cas comme dans l'autre, on n'est pas loin d'une bande originale de film. Si Near... se charge de mettre à l'honneur Pekka Sarmanto, à la versatilité et la vivacité bien réjouissantes et dont le chorus est une merveille d'évidence et de goût, sur Muy Bonita..., les percus sont à la fête... et nous aussi, même si on n'évite pas quelques clichés (cf. les castagnettes) ; Excellent travail de Reino Laine aux cymbales et au charley, avec quelques spasmes à la caisse claire. Henderson n'est pas en reste, et multiplie les happenings aux petites percus (graines, chimes, cloches, etc.). Celles-ci se trouvent d'ailleurs magnifiés par la très bonne idée de finir chaque chorus par un changement d'accords apaisant et étiré rythmiquement, où le solo précédent se mêle au solo suivant.

Latin Power conclut cette face latine (?) en un long festival rythmique sur lequel se greffent interventions sonores et autre borborygmes vocaux. Free libérateur et gloubiboulguesque dans lequel chacun prend son tour sur le devant de la scène, sans qu'on puisse vraiment parler de solo. Rien de très latin là-dedans, mais on comprend en revanche assez bien le terme de power.

CONCLUSION

Un album tout simplement parfait. N'y manquent ni les audaces, l'inventivité, ni le bon goût et la classe, ni la rigueur de l'écriture. Quiconque s'intéresse de près ou de loin au(x) jazz(s) se doit de la posséder absolument. Il faudra dont se ruer sur le site de Porter Records (qu'on n'en finira pas de remercier jusqu'à la fin des temps) tant qu'il a du stock, sous peine d'être obligé de débourser une rondelette petite somme dans quelques mois.
6/6

Egalement :

Eero Koivistoinen - Valtakunta, Kustannusosakeyhtiö Otavan, 1968
Eero Koivistoinen - Odysseus, Kustannusosakeyhtiö Otavan, 1969
Eero Koivistoinen - The Original Sin, Scandia, 1971
Eero Koivistoinen - Wahoo!, RCA, 1972
Eero Koivistoinen - Labyrinth, Love Records, 1977
Heikki Sarmanto - A Boston Date, 1970
Heikki Sarmanto - Counterbalance, 1971
Heikki Armanto Big Band - Everything Is it, EMI/Odeon, 1972
Heikki Sarmanto - Moonflower, 2007

Le reste est aussi certainement très bon, mais je n'ai tout simplement pas (encore) écouté d'autres disques...
Les trois premiers albums de Sarmanto mentionnés ont paru chez Porter Records en CD.

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