Peinture par Lénaïg

BIENVENUE SUR GOLGA IN A SWIRL

Ce blog, initié par Messieurs V. et O. a pour objet de se pencher plus particulièrement sur des albums que nous possédons, soit en CD, soit en vinyl, et d'en proposer une critique chacun.

Comme nous espérons faire naître - ou renforcer - chez nos visiteurs un intérêt pour les artistes que nous aimons, et non servir de plateforme de téléchargement gratuit, les albums qui font l'objet de nos critiques ne sont pas téléchargeables dans leur intégralité. Un seul morceau est publié pour mettre en appétit...

Les playlists de M. V., ainsi que les morceaux de la semaine de M. O. sont disponibles pour une durée de 1 mois seulement.

Tout ceci est sans prétention, et notre but est de nous faire plaisir, mais si vous croisez notre route, n'hésitez pas à laisser un commentaire, c'est toujours agréable.

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samedi 15 mai 2010

JAN EDVARD WALLGREN - LAVORO IN CORSO














Jan Edvard Wallgren - In Search of Traditions Lost

Jan Edvard Wallgren & The Swedish Radio Jazz Group - Lavoro in Corso, Dragon, 1985

Musiciens :

Jan Edvard Wallgren (1935-1996) - Piano et direction d'orchestre
Bengt Ernryd - Trompette, bugle, trompette piccolo
Gustavo Bergalli - Trompette
Hakan Niqvist - Trompette, cor
Lasse Oloffson - Trombone
Sven Larsson - Trombone basse
Lennart Aberg - Saxophones alto et soprano, flûte alto
Krister Andersson - Saxophone tenor, clarinette
Erik Nilsson - Saxophone baryton, clarinette basse
Palle Danielsson - Contrebasse
Orjan Fahlström - Percussions
Petur Ostlund - Batterie
Bengt Berger - Tablas, percussions

Morceaux :

FACE A
A1. Dur Och Moll Ar Var Paroll
A2. Come, Creative Spirit
A3. A Ground for these Distracted Times
A4. In Search of Traditions Lost
FACE B
B1. Would You Like to Play the Blues with Me?
B2. Alexander Skryabin's Raga-Time Band
B3. Aria and Blues in G

LA CRITIQUE DE MONSIEUR O.

Jan Wallgren est un pianiste suédois important et boulimique, qui a donné dans le jazz, ainsi que dans le classique (il a composé de la musique pour le cinéma, le théâtre, un opéra - Balangatjik, ainsi qu'un requiem - För levande och döda - et de la musique de chambre, entre autres). Lavoro in Corso (travaux en cours, en italien) est une commande de la radio suédoise dans laquelle, et de son propre aveu, Wallgren a vu l'opportunité de rassembler des bribes non encore achevées (cqfd titre), et de sélectionner les morceaux sur la base de leur diversité, afin d'illustrer l'éclectisme de ses goûts musicaux.

L'ensemble est au final un album superbe et attachant qui s'est naturellement trouvé une place parmi mes préférés, au carrefour du jazz et du classique. Malgré toute sa science musicale, Wallgren présente un disque érudit, mais jamais abscons, et d'une beauté humaine toute simple et accessible (et n'est-ce pas une grande preuve de maturité et de modestie ?). D'ailleurs, il réussit quelque chose de suffisamment rare pour être souligné en créant une connivence assez forte avec le compositeur. En outre, il reste fidèle à sa vocation pédagogique - il a enseigné de nombreuses années - en incluant dans la pochette un fascicule avec des extraits des partitions du disque.

Dur Och Moll Ar Var Paroll (******) est pour l'essentiel une progression modale qui ne saurait cacher sa filiation avec le classique romantique. Le début, au piano seul, accompagné de la (très bonne !!!) basse est touchant de délicatesse, tout en exprimant beaucoup d'intention. Moment de grâce sur le chorus de Ernryd, un compère de longue date de Wallgren, dont la légèreté et la sentimentalité du jeu évoque aujourd'hui un Paolo Fresu en forme. Un majestueux arrangement de cuivres en liberté surveillée vient élargir encore la dimension du morceau. Basse et piano s'octroient les dernière notes d'un morceau de quatre minutes trente qui passent comme un songe. A réécouter, encore et encore.

Come, Creative Spirit (******) tourne autour d'un motif emprunté au chant grégorien. Dans une atmosphère spirituelle égrenée au piano et qui rappelle autant un balafon africain que le son d'un mobile zen en bambou dans la brise, Danielsson à la contrebasse tourne autour du motif en question, rejoint pour l'exposition par le soprano. La phrase passe à l'arrière-plan, reprise par les autres cuivres alors que Aberg choruse, et l'ensemble va crescendo. La contrebasse repose le tout, la batterie part aux cymbales, et c'est au tour de Ernryd de s'y coller à la trompette. Même principe : la sauce monte (poussez pas, derrière !), puis tout le monde se rejoint à l'unisson sur le thème, et on boucle la boucle en revenant aux soprano/contrebasse/ piano, puis contrebasse/piano. Fin sur quelques harmoniques qui s'envolent... Un titre en forme de cercle.

A Ground for these Distracted Times (******) est une passacaille, variation en 3/4 en vogue aux XVII et XVIIIèmes siècles, basée sur un ostinato de basse. Curieusement, alors que la passacaille est traditionnellement la pièce finale d'une suite de danse, Wallgren fait de la sienne le premier mouvement d'une pièce en trois parties, dont seule la première est présente sur le disque). Grave et majesteux.

In Search of Traditions Lost (******) est plus complexe. Un contrepoint imitatif à la quarte, assez solennel et tonitruant, succède à un canon au piano sur lequel le soprano expose la phrase du thème. S'ensuit une improvisation au piano sur le même mode, d'inspiration arabisante. Chorus de bugle. Nouveau thème qui utilise la cadence Landini (ce qui m'a permis d'apprendre ce que c'était : dans un écart de sixte, la mélodie s'abaisse d'un ton - à la quinte - avant la résolution à l'octave), un procédé plus ancien (XIV/XVèmes siècles). Au delà de ces considérations techniques, qu'on a tout à fait le droit d'ignorer, la fusion est très réussie, et chacun s'illustre par son bon goût (encore une fois, mention spéciale à Danielsson, qui alterne un jeu très dépouillé avec des moments très jazzy, avec une réussite rythmique de tous les instants).

Would You Like to Play the Blues with Me? (******) est comme son nom l'indique un blues, avec la particularité tout de même d'être en 7/4, et ça swingue du feu de Dieu ! Piano dans la tradition, et bon chorus de trombone soutenu par des riffs de cuivres. Le saxophone s'y met aussi, et les deux se tirent la bourre, jusqu'à ce que le morceau implose littéralement. Après avoir repris ses idées, le piano le fait renaître de ses cendres, augmenté cette fois de tablas. Super motif rythmique de fin, repris par tout le monde en choeur et FIN !

Faut-il voir dans Alexander Skryabin's Raga-Time Band (******), outre un hommage au compositeur russe de la fin XIXème, un clin d'oeil au Sergeant Pepper des Beatles ? En tout cas, pas de ragtime, ni de pop ici, mais un morceau obsédant tout de cuivres orientaux vêtu, le plus libre de l'album, composé de vagues qui enflent et se retirent. Le titre vient en tout cas de l'utilisation de tablas, qui ajoutent à la couleur du morceau. La basse crée en complément de bonnes surprises rythmiques sur le chorus de piano. Petit à petit, on prend de la vitesse, et le soprano nous gratifie d'un chorus qui, contrairement à toute attente, groove sa mère. Fin lente et énigmatique.

De par son titre, Aria and Blues in G, qui n'a rien de l'un ni de l'autre, ou alors j'ai mal cherché, illustre une nouvelle fois la volonté de Wallgren de mélanger genres et époques. Après un chorus de flûte orientalisant, un thème de la même eau, accompagné aux tablas nous rappelle le Ramadan de Björn J:son Lindh. Après un nouveau chorus de flûte, thème N°2, sur lequel enchaîne Ernryd à la trompette. Thème N°3, sur lequel Wallgren nous conseille de chanter un extrait du Songe d'une nuit d'été de Shakespeare, ce qui en dit long sur le nombre et la diversité des esprits invoqués par Wallgren sur ce projet. Retour au premier thème, et fin en douceur. Un chouette titre modal. (******)

CONCLUSION

C'est bien simple : un disque parfait ! Rien à redire ! Nickel chrome ! La grand classe ! 6/6 semble à peine suffisant.

A écouter aussi :

Wallgren Orkester - Steel bend Rock, Attlaxeras, 1973
Wallgren/Ernryd - Love Chant, Dragon, 1976
Wallgren/ Ernryd/ Niebergall/ Sjökvist - Ballade an der Ruhr, Dragon, 1980
Okay Temiz - Oriental Wind, Sonet, 1977

LA CRITIQUE DE MR.V

Dur Och Moll Ar Var Paroll (******) Une belle mise en bouche.
Come, Creative Spirit (******) Du très grand art , les amateurs de classique comme de jazz y trouveront leur compte.
A Ground for these Distracted Times (******) beau à pleurer. Un piano romantique dans le meilleur sens du terme. Magnifico!
In Search of Traditions Lost (******) oh putain!la claque! la musique a des pouvoirs fabuleux! il suffit juste de l'écouter.
Would You Like to Play the Blues with Me? (*****) un blues pour débuter les face B , même si il est très bien exécuté ce morceau est pour moi le moins poignant de l'album.
Alexander Skryabin's Raga-Time Band (******) il n'y a de raga que les tablas sur ce morceau tout en tension ,un grand voyage à la fois beau et inquiétant dans une autre dimension; superbe.
Aria and Blues in G (******) quelle classe! une flûte rappel l'univers doux et envoutant de Stefan Micus (ECM/JAPO), le morceau évolue et grossit a mesure de mon enthousiasme...merde c'est déjà la fin!

CONCLUSION

Pour commencer MERCI à toi MR.O pour m'avoir mis la puce à l'oreille ,ne pas posséder ce disque m'aurait été insssssuportable!
Aux antipodes des Années 80, pendant que AHA , Duran Duran et antres Van-Halen encrassaient les oreilles du peuple ,pendant que j'écoutait Purple rain de Prince (j'assume toujours!) il y avait Jan Wallgren derrière son piano qui nous pondait ce fabuleux album! une classe intemporelle 6/6.

A ECOUTER

Rena Rama - jazz in Sverige (caprice 1973)

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