Peinture par Lénaïg

BIENVENUE SUR GOLGA IN A SWIRL

Ce blog, initié par Messieurs V. et O. a pour objet de se pencher plus particulièrement sur des albums que nous possédons, soit en CD, soit en vinyl, et d'en proposer une critique chacun.

Comme nous espérons faire naître - ou renforcer - chez nos visiteurs un intérêt pour les artistes que nous aimons, et non servir de plateforme de téléchargement gratuit, les albums qui font l'objet de nos critiques ne sont pas téléchargeables dans leur intégralité. Un seul morceau est publié pour mettre en appétit...

Les playlists de M. V., ainsi que les morceaux de la semaine de M. O. sont disponibles pour une durée de 1 mois seulement.

Tout ceci est sans prétention, et notre but est de nous faire plaisir, mais si vous croisez notre route, n'hésitez pas à laisser un commentaire, c'est toujours agréable.

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mercredi 31 mars 2010

BUSTER WILLIAMS - HEARTBEAT














Buster Williams - Shadows

Muse Records, 1976

Né en 1942 à Camden, New Jersey, USA

Buster Williams - Contrebasse
Kenny Barron - Piano (A1 / A2 / A3 / B2)
Jimmy Rowles - Piano (B1)
Ben Riley - Batterie (A1 /A2)
Billy Hart - Batterie (A3 / B1 / B2)
Gayle Dixon - Violon (A3 /B1)
Pat Dixon - Violoncelle (A3 /B1)
Suzanne Klewan - Chant (B1)

FACE A
A1. I Fall in Love too Easily (S. Cahn - J. Styne) 5:09
A2. Toku-Do (B. Williams) 5:24
A3. Shadows (B. Williams) 9:42
FACE B
B1. Pygmy Lullaby (J. Rowles) 6:52
B2. Ruby P'Gonia (B. Williams) 8:25
B3. Veronica (B. Williams) 2:32

LA CRITIQUE DE MONSIEUR O.

Buster Williams est un cinglé au dernier degré. Son son de contrebasse est le meilleur qui soit, à la fois rond, grinçant et boisé, avec une plénitude que je n'ai - je le crois sincèrement - jamais entendu ailleurs, et son jeu va du lyrique extrême ("an enormously compassionate soul", selon un critique) au percussif détonant, avec une expressivité totale et un groove imparable. Impossible de s'ennuyer avec lui, même si ce côté démonstratif et extraverti peut gêner certains esprits chagrins.

Assez méconnu, il a pourtant enregistré avec une foule d'autres cinglés de son espèce, de Art Blakey à Herbie Hancock, en passant par Lee Konitz, McCoy Tyner, Mary Lou Williams, Hank Jones, Sonny Rollins, Freddie Hubbard, et j'en passe... Il a en outre commis neuf albums sous son nom, la plupart étant des albums de cinglé... Voilà pour cerner un peu l'animal.

L'al-bum ! L'al-bum ! L'al-bum ! L'al-bum !

OK, les enfants, voici la critique de Heartbeat.

I Fall in Love too Easily (******). Williams prend des libertés avec ce standard surtout connu pour sa version au (bon) goût de guimauve, exécutée par Chet Baker. Le morceau commence par une variation autour du thème à la contrebasse seule, avant que le piano ne se pose avec délicatesse et retenue, accompagnée de Ben Riley aux balais. La contrebasse continue de mener la danse, allant et venant autour du thème. La force mélodique de l'interprétation est tout simplement bluffante et le jeu de Williams est techniquement très affûté. Avec bon goût, le rideau se referme très vite, assez pour nous laisser sur notre faim, et trépignant en attendant la suite.

Toku-Do (*******). Chouette thème à la Parker/Gillespie, qu'on retrouvera d'ailleurs dans une très bonne version sur l'album éponyme deux ans plus tard. Du bon bop, qui met à l'honneur les talents du très sûr Kenny Barron (Yusef Lateef, Freddie Hubbard, Ron Carter, Chet Baker, Stan Getz, etc.).

Avec Shadows (******), on entre dans quelque chose de plus ambitieux et d'assez crossover, avec un superbe thème qui prend son temps pour éclore, exposé avec nuance aux cordes (les arrangements sont de Williams lui-même), qui tournent et tournent, suspendent leur chant, et s'élèvent vers un beau climax à vous faire dresser les cheveux (si vous en avez) sur la tête. Tout le monde est de la partie et appliqué à servir la compo. Le jeu de contrebasse, tout en apportant une base en béton armé, se fait impressionniste, respire, halète, reprend, grogne un peu, et nous gratifie de vibratos audacieux et franchement assumés. Le choix de Barron au piano se confirme, avec un jeu très sentimental, tout à fait en phase avec le thème. Le chorus de contrebasse qui s'ensuit est parfaitement relâché et libéré de toute contrainte (on remercie la rythmique au passage). Mon chat est sur le bureau, et les yeux fermés, moustaches frémissantes, kiffe comme c'est pas Dieu permis, en battant la mesure de la queue... Félin feeling...

Pygmy Lullaby (******). Le temps de changer de face, et Jimmy Rowles (Admirez l'éclectisme : Lester Young, Benny Goodman, Art Pepper, Billie Holliday, Ella Fitzgerald période grands orchestres) s'invite au piano, avec sa compo à lui sous le bras, et on aurait tort de s'en plaindre. On est dans la droite ligne du morceau précédent, avec un titre qui lorgne franchement du côté du classique contemporain, de par le jeu de piano, mais aussi par le thème. D'ailleurs, Pygmy Lullaby a des accents du Porgy and Bess de Gershwin. Une berceuse donc (cf. Summertime), certes, mais une berceuse un peu lunaire, nimbée de la voix céleste de l'énigmatique Suzanne Klewan (qui apparaît d'ailleurs, de manière tout aussi brève, sur Pinnacle, le premier effort solo de Buster Williams, ainsi que sur Crystal Reflections). Berceuse pour un petit dieu païen, au milieu de douces stridences au violon, avant le superbe chorus de piano, qui joue de la pédale et de la nuance avec un métier certain. L'interaction piano-contrebasse fonctionne à merveille, et la piste s'achève sur une note légèrement angoissée.

Ruby P'Gonia (******) commence en vrai jazz spirituel, avant d'embrayer sur un walking très classique. Kenny Barron, étourdissant, un peu dans le style d'un McCoy Tyner tardif, boit du petit lait, et nous aussi. Le jeu de batterie de Billy Hart est plus musclé, à l'avenant du chorus de contrebasse, qui ne ménage pas les effets, à grands renforts de glissandos et vibratos saisissants. A certains moments, Williams joue de la contrebasse comme on joue du clavier, avec harmonies, et parties basse et lead. Le tout s'enfuit dans un fade out (bon, je ne dirai rien pour cette fois...).

Tel Rémi Bricka, Buster Williams se la joue solo sur Veronica (******) et - aux doigts ou à l'archet - nous emmène là où il veut, et nous, on suit comme les rats suivent le joueur de flûte du conte jusqu'au précipice final. La chute est brutale, et continue bien après que le disque ait cessé de tourner.

CONCLUSION

On l'a compris, c'est un grand 6/6 pour un excellent album où rien ne manque : de belles compos, de la virtuosité, du bon goût, de l'émotion. La classe, quoi ! Il faut posséder ce disque, au risque que celui-ci ne vous possède à son tour... Ceci dit, aucune réédition CD n'existe à ma connaissance. Des avantages du vinyl...

A savourer également :

Buster Williams, Pinnacle, Muse, 1975
Buster Williams Trio, Tokudo, Nippon Columbia, 1978 (avec Kenny Barron et Ben Riley). L'album bénéficie du système d'enregistrement Denon PCM, et le son de contrebasse est tout simplement gigantesque !
Eddie Henderson, Realization, Capricorn Records, 1973 (on retrouve Billy Hart à la batterie)
Eddie Henderson, Inside Out, Capricorn Records, 1974 (idem)

En revanche, il faut à mon avis éviter comme la peste l'album Crystal Reflections, Muse, 1976, en collaboration avec un Roy Ayers au pire de sa forme (c'est dire...) D'ailleurs, on peut considérer la pochette comme un sérieux avertissement.

LA CRITIQUE DE MR.V

I Fall in Love too Easily (******) entre la version très cool jazz de Chet Baker et celle de Buster Williams il y a des kilomètres et c'est ce qui rend l'interprétation interessante, moi j'aime les deux versions!
Toku-Do (****) un peu trop démonstratif a mon goût .
Shadows (******) très beau morceau tout à fait à la hauteur de ses ambitions.
Pygmy Lullaby (******) changement de face et premier morceau véritablement dans la viene "spiritual jazz" avec cette courte envolée vocalistique , fermez les yeux et regardez plus profondément en vous même ,bref laissez-vous bercer ! Le meilleur titre de l'album.
Ruby P'Gonia (******) attention ça joue et ça joue vachement bien, Buster est belle et bien le leader!
Ruby P'Gonia (******) Gros son bien boisé , archet franc et spontané , le meilleur morceau de l'album (j'l'ai déjà dis , m'en fou , fais ce que j'veux!)

CONCLUSION

Voici donc une bien belle occas' pour te remercier de ce beau cadeau Mr.O ,un beau disque chez Muse qui mérite un 6/6 bien sure.

PS: Je ne suis pas tout à fait d'accord avec toi sur l'album "Crystal réflection" , c'est un bon disque si on fait abstraction de deux titres.

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